À travers les siècles, l’accession aux richesses et aux honneurs a toujours constitué une menace pour l’humilité et la spiritualité. C’est au moment où un homme réussit, où ses semblables parlent de lui favorablement, qu’il est en grand danger. L’homme conserve toujours sa nature humaine. La prospérité spirituelle ne peut être maintenue qu’aussi longtemps que l’homme sent sa dépendance totale envers Dieu pour l’acquisition de la sagesse et de la perfection du caractère. Et ceux qui ont le mieux conscience de leur besoin de dépendre de Dieu sont généralement ceux qui disposent le moins de richesses ou d’honneurs humains pour s’y appuyer.
Les louanges des hommes
Il est dangereux de confier de nombreux talents à des êtres humains ou de leur décerner des paroles de louanges. Ceux qui ont été favorisés par le Seigneur doivent se tenir constamment sur leurs gardes s’ils ne veulent pas se laisser gagner et dominer par l’orgueil. Quiconque gagne de nombreux partisans et s’attire de la part des messagers du Seigneur de nombreux éloges a besoin du concours des prières spéciales des sentinelles fidèles de Dieu pour échapper au danger d’entretenir des sentiments de propre justice et d’orgueil spirituel.
Un tel homme ne doit jamais se donner une importance exagérée ou chercher à se comporter en dictateur. Qu’il s’exerce à la vigilance et à la prière et ne recherche que la gloire seule de Dieu. Si ses facultés mentales se fixent sur les choses invisibles, et s’il s’efforce de contempler la joie de l’espérance qui est placée devant lui — le précieux bienfait de la vie éternelle — les éloges des hommes ne susciteront pas dans son esprit des pensées d’orgueil. Et si, à certaines occasions, l’ennemi tente un effort particulier pour l’abattre par la flatterie ou les honneurs du monde, ses frères devront sincèrement l’avertir des dangers qu’il court; car, s’il est livré à lui-même, il sera exposé à commettre des erreurs et à manifester des faiblesses humaines. ...
Dans la vallée de l’humiliation
Nous n’avons aucune peine à porter une coupe qui est vide, mais ce n’est pas le cas d’une coupe remplie à ras bord. L’affliction et l’adversité peuvent entraîner de nombreux inconvénients et provoquer de profondes dépressions; mais c’est pourtant la prospérité qui constitue un danger pour la vie spirituelle. A moins qu’un être humain soit constamment soumis à la volonté de Dieu, qu’il soit sanctifié par la vérité, et qu’il ait une foi qui agit par l’amour et purifie l’âme, ses inclinations naturelles à la présomption seront réveillées par la prospérité.
Nos prières doivent surtout intervenir en faveur des personnes occupant des postes élevés. Elles ont besoin des prières de toute l’église du fait qu’elles connaissent la réussite et possèdent de l’influence.
Dans la vallée de l’humiliation, où les hommes dépendent uniquement de Dieu pour être enseignés et dirigés pas à pas, ils se trouvent dans une relative sécurité. Mais que chacun de ceux qui entretiennent une vivante communion avec Dieu prie en faveur des personnes occupant des postes de responsabilité, qui se trouvent placées sur un sommet élevé et qui, en raison de leur position, sont censées posséder une grande sagesse. A moins que ces hommes ressentent le besoin de s’appuyer sur un bras qui n’est pas un bras de chair, à moins qu’ils dépendent uniquement de Dieu, leur conception des réalités sera déformée et ils auront des défaillances. — The Review and Herald, 14 décembre 1905.
Perversion des facultés naturelles
Le désir d’accumuler des richesses est une tendance naturelle de l’être humain, implantée en lui par le Père céleste à de nobles fins. Si vous interrogez le capitaliste qui a utilisé toutes ses énergies en vue de se constituer une fortune, et qui se montre industrieux et persévérant pour accroître ses biens, afin qu’il vous indique le but de ses efforts, il ne pourra pas vous donner la raison précise qui l’a poussé à accumuler des trésors terrestres. Il ne saura pas indiquer le but bien déterminé qu’il se propose d’atteindre, ni préciser la nature d’un bonheur nouveau envisagé. Il continue à entasser des biens parce qu’il a orienté tous ses dons et ses facultés dans cette direction.
Au fond de tout être humain non régénéré se trouve un besoin de posséder ce qu’il n’a pas. Par la force de l’habitude, il a développé chaque pensée et chaque mobile vers la constitution d’une réserve pour l’avenir, et tandis qu’il avance en âge, il devient de plus en plus avide d’acquérir tout ce qu’il lui est possible de gagner. Il est naturel qu’un homme cupide voie sa cupidité augmenter à mesure qu’approche le moment où il perdra son emprise sur les choses de la terre.
Toute son énergie, sa persévérance, sa détermination et son habileté pour l’acquisition d’un pouvoir terrestre résultent de la perversion de ses facultés qui poursuivent un but fallacieux. Chacune de ces facultés aurait pu être cultivée au maximum en vue de la possession de la vie éternelle et pour l’acquisition d’un poids éternel de gloire. Les usages et pratiques de l’homme du monde, dans ses efforts persévérants pour saisir toutes les occasions d’accumuler des richesses, devraient constituer une leçon pour ceux qui se prétendent enfants de Dieu et qui recherchent la gloire, l’honneur et l’immortalité. Les enfants de ce monde sont en leur temps plus avisés que les enfants de lumière, et c’est là qu’apparaît leur sagesse. Toutes leurs énergies tendent vers l’acquisition des gains terrestres qu’ils convoitent. Oh! si ce zèle pouvait caractériser l’ouvrier qui travaille pour les richesses célestes! — The Review and Herald, 1 mars 1887.
Les richesses sont un handicap
Peu de gens se rendent compte de la force de leur amour pour l’argent jusqu’au moment où, sur ce point, ils sont soumis à une épreuve. Plusieurs de ceux qui professent suivre le Christ donnent alors la preuve qu’ils ne sont pas prêts pour le ciel. Leurs actes manifestent qu’ils aiment leur argent plus que leurs semblables ou que Dieu. A l’instar du jeune homme riche, ils s’inquiètent du sens de la vie; mais lorsqu’ils en sont informés, qu’ils apprennent ce qu’il en coûte de s’y conformer et constatent qu’on leur demande de renoncer aux richesses terrestres, ils estiment que le ciel exige un sacrifice trop grand. Plus considérables sont les trésors que l’on possède ici-bas, plus grande est la difficulté pour leur possesseur de comprendre qu’ils ne lui appartiennent pas mais qu’ils lui ont été confiés pour qu’il les utilise à la gloire de Dieu.
Jésus saisit ici l’occasion de donner à ses disciples une leçon bien sentie; il leur dit: “Qu’il est difficile à ceux qui ont des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu!... Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.” Matthieu 19:23, 24.
Des gens riches qui sont pauvres et des gens pauvres qui sont riches
On voit ici le pouvoir des richesses. L’influence de l’amour de l’argent sur l’esprit humain est presque paralysante. Les richesses entraînent l’infatuation, et amènent un grand nombre de ceux qui les détiennent à agir comme s’ils étaient privés de la raison. Plus ils en ont, plus ils veulent en avoir. Avec l’accroissement de leurs richesses augmentent leurs craintes de l’avenir. Ils ont tendance à entasser des biens pour faire face au futur. Ils sont avares et égoïstes et craignent que Dieu ne pourvoie pas à leurs besoins. Ils sont vraiment pauvres pour le Seigneur. Tandis que s’accroissaient leurs richesses, ils ont placé leur confiance en elles et perdu leur foi en Dieu et en ses promesses.
L’homme pauvre confiant et fidèle devient riche pour Dieu en employant le peu qu’il possède au service de ses semblables. Il a le sentiment que son prochain a sur lui des droits qu’il ne peut ignorer en obéissant au commandement de Dieu: “Tu aimeras ton prochain comme toi-même.” Il considère que le salut de ses semblables a une importance plus grande que tout l’or et tout l’argent que le monde contient.
Le Christ indique la manière dont ceux qui possèdent des richesses, mais qui sont pauvres pour Dieu, peuvent acquérir de vraies richesses. Il déclare: “Vendez ce que vous possédez, et donnez-le en aumônes” (Luc 12:13), et “amassez-vous des trésors dans le ciel”. Le remède qu’il propose est un transfert de leurs affections sur l’héritage éternel. En investissant leurs fonds dans la cause de Dieu pour soutenir l’œuvre du salut des âmes et secourir ceux qui sont dans le besoin, ils deviennent riches en bonnes œuvres et s’amassent “ainsi pour l’avenir un trésor placé sur un fondement solide, afin de saisir la vie véritable”. 1 Timothée 6:19. Ils font un placement sûr.
Mais beaucoup de gens montrent par leurs agissements qu’ils n’ont pas confiance dans la banque du ciel. Ils choisissent de confier leur argent au monde, plutôt que de l’investir dans les choses célestes. Ils ont un sérieux effort à faire pour vaincre la cupidité et l’amour du monde. Ces riches qui, en réalité, sont pauvres tout en professant servir Dieu, sont vraiment à plaindre. Tout en prétendant connaître Dieu, ils montrent par leurs œuvres qu’ils le renient. Combien sont épaisses les ténèbres qui les enveloppent! Ils professent croire à la vérité, mais leurs actes ne correspondent pas à leur profession de foi. L’amour des richesses rend les hommes égoïstes, exacteurs et portés aux excès. — The Review and Herald, 15 janvier 1880.
Suivre Jésus
Au jeune homme riche, Jésus ne demandait que de s’engager dans la voie dans laquelle il le précédait. Le sentier épineux du devoir devient plus facile à suivre lorsque nous voyons l’empreinte des pas du Maître qui a aplani les ronces. Le Christ aurait voulu accueillir ce jeune chef talentueux, si celui-ci avait accepté ses exigences, tout comme il avait accueilli les pauvres pêcheurs auxquels il avait demandé de le suivre.
L’habileté du jeune homme pour acquérir des richesses ne témoignait pas contre lui, à condition qu’il voulût bien aimer son prochain comme lui-même et ne pas léser autrui en s’enrichissant. Cette faculté, si elle avait été employée au service de Dieu dans un effort pour sauver les âmes de la perdition, aurait reçu la faveur du Maître divin, et aurait fait de cet homme un ouvrier diligent et efficient pour le Christ. Mais il refusa le privilège exaltant de coopérer avec Jésus dans l’œuvre du salut des âmes; il se détourna du trésor glorieux qui lui était promis dans le royaume de Dieu et se précipita vers les trésors fugitifs du monde. ...
Ce jeune chef représente une nombreuse catégorie de gens qui seraient d’excellents chrétiens s’ils ne devaient pas se charger d’une croix et s’ils n’avaient pas de fardeaux humiliants à porter, pas d’avantages terrestres à sacrifier et pas de renoncements matériels ou sentimentaux à consentir. Dieu leur a confié un capital de talents et de biens, et il s’attend en retour à un service correspondant. Ce que nous possédons ne nous appartient pas en propre, mais doit être employé en servant celui dont nous avons tout reçu. — The Review and Herald, 21 mars 1878.
La foi est rare chez les riches
Une foi consistante est rare chez les riches, c’est-à-dire une foi authentique, qui se manifeste par des œuvres. Mais tous ceux qui possèdent une telle foi exerceront une profonde influence. Ils imitent le Christ dans l’action désintéressée et dans l’intérêt qu’ils portent au travail en faveur du salut des âmes, qui le caractérisaient. Les disciples de Jésus, à l’instar de leur Maître, doivent accorder une grande valeur aux âmes. Ils doivent manifester leur sympathie envers l’œuvre de leur Rédempteur bien-aimé, et ils doivent travailler de tout leur cœur en faveur de ceux qu’il a rachetés par son sang. Que sont argent, maisons et terres en comparaison d’une seule âme? — The Review and Herald, 23 février 1886.
Les richesses ne constituent pas une rançon pour le transgresseur
Toutes les richesses, même celles du plus fortuné, ne suffisent pas à cacher devant Dieu le moindre péché. Ni les richesses ni l’intelligence ne peuvent être acceptées en rançon pour le transgresseur. La repentance, la véritable humilité, un cœur brisé et un esprit contrit peuvent seuls recevoir la faveur de Dieu.
Dans nos églises, il y a beaucoup de membres qui devraient apporter d’abondantes offrandes et ne pas se contenter de présenter une misérable pite à celui qui a tant fait pour eux. Ils reçoivent d’incommensurables bénédictions, et cependant ils accordent en retour si peu au Donateur! Que ceux qui ne sont en réalité que des pèlerins et des étrangers sur la terre se constituent dès maintenant des trésors dans le ciel, sous forme de dons versés au trésor du Seigneur qui en a tant besoin. — The Review and Herald, 18 décembre 1888.
Le plus grand danger
Il m’a été montré que les fonds ne manquent pas parmi les Adventistes du Septième Jour. Actuellement, le plus grand danger qu’ils courent réside dans l’accumulation des richesses. Certains ne font qu’augmenter sans cesse leurs soucis et leurs travaux; ils sont surmenés. Il en résulte que Dieu et les besoins de sa cause sont presque totalement oubliés; ces personnes sont mortes spirituellement. Il leur est demandé de faire un sacrifice pour Dieu, une offrande. Or, un sacrifice n’accroît rien, il ôte et il consume. ... Une grande partie des richesses de nos membres constituent un préjudice pour tous ceux qui s’y attachent. — Testimonies for the Church 1:492.