Conseils aux éducateurs, aux parents et aux étudiants

Chapitre 40

Santé et compétence

La santé est un bien inestimable, beaucoup plus étroitement lié à la conscience et à la religion qu’on ne le suppose généralement. Elle détermine pour une grande part la capacité à servir et devrait être préservée de façon aussi sacrée que le caractère, car plus la santé sera parfaite, plus grands seront les efforts pour le progrès de la cause divine et le bien de l’humanité.

Il serait important d’enseigner aux jeunes de nos écoles les principes de la réforme sanitaire. Les éducateurs devraient être des modèles en ce qui concerne la nourriture, les boissons et les vêtements et encourager leurs élèves à pratiquer le renoncement et la maîtrise de soi. Apprenons aux jeunes que toutes leurs facultés viennent de Dieu, qu’il a un droit de regard sur celles-ci et qu’en négligeant leur santé, ils méprisent l’une des plus belles bénédictions qui soient. Le Seigneur leur accorde la santé pour qu’ils l’utilisent à son service et plus grandes seront leur vigueur et leur endurance, plus ils accompliront de choses pour le Maître. Au lieu de mépriser ou d’abuser de leurs forces physiques, ils les préserveront jalousement pour mieux le servir.

La jeunesse est une période propre à accumuler des connaissances qui seront utiles toute la vie. C’est le moment de créer de bonnes habitudes, de corriger les mauvaises, d’apprendre la maîtrise de soi, de s’habituer à ordonner tous les actes de sa vie en fonction de la volonté divine et du bien de ses frères. Cette époque de semailles déterminera la moisson dans cette vie et dans la vie future. Les habitudes prises dans l’enfance et l’adolescence, la maîtrise de soi et les goûts acquis détermineront de manière pratiquement infaillible l’avenir de la personne.

Le soin que l’on doit porter à sa santé doit être présenté comme une exigence biblique. Obéir aux commandements divins appelle à se conformer aux lois de la personne humaine. Les sciences de l’éducation incluront une connaissance de la physiologie du corps aussi complète que possible. On ne peut correctement comprendre ses obligations envers Dieu que si l’on comprend clairement ses obligations envers soi-même en tant que propriété de Dieu. Celui qui s’obstine à ignorer les lois de la vie et de la santé ou qui viole celles-ci délibérément pèche contre Dieu.

Le temps passé à travailler physiquement n’est pas perdu. L’étudiant qui est constamment penché sur ses livres en ne faisant que peu d’exercice physique à l’extérieur se cause du tort à lui-même. L’activité équilibrée des différents organes et facultés du corps est essentielle au bon fonctionnement de chacun d’eux. Quand le cerveau est constamment sous pression alors que les autres organes sont inactifs, il s’ensuit une perte de vigueur physique et intellectuelle. Le corps perd son tonus, l’esprit sa vivacité et sa force, et il en découle une excitabilité morbide.

Pour que l’être humain soit équilibré, toutes ses facultés doivent être utilisées et développées. De nombreuses personnes en ce monde ont une vision partielle des choses, parce que seule une partie de leurs facultés a été cultivée alors que les autres se sont affaiblies à force d’inaction. L’éducation des jeunes est souvent un échec. Ils se surmènent, tout en négligeant les activités de la vie de tous les jours. Pour que leur esprit soit équilibré, le travail physique devrait être judicieusement associé au travail intellectuel, de sorte que toutes leurs facultés se développent harmonieusement.

Il serait bon que nos étudiants accomplissent des tâches manuelles, qui ne peuvent leur faire du mal, même si elles les fatiguent. Pensez-vous que le Christ ne se soit jamais senti las? Bien sûr que si. La fatigue n’est pas dangereuse. Elle rend seulement le sommeil plus doux. On ne répétera jamais assez que l’éducation n’a aucun sens si elle n’est pas soutenue par la vigueur physique. À la fin de leurs études, les étudiants devraient être en meilleure santé et mieux connaître les lois de la vie qu’au début de celles-ci.

Le surmenage intellectuel

Il ne faut pas permettre à un étudiant de faire en un an deux années d’études. Travailler doublement signifie, pour beaucoup, surmenage intellectuel et absence d’exercice physique. Il n’est pas raisonnable de penser que l’esprit peut assimiler une overdose de nourriture mentale. Il est aussi grave de surcharger le cerveau que de surcharger les organes digestifs.

Je dis à ceux qui désirent devenir des ouvriers efficaces au service de la cause de Dieu, que s’ils surmènent leur cerveau en pensant qu’il leur faut constamment étudier, de peur de perdre du terrain, ils doivent changer d’opinion et de cap. S’ils ne sont pas plus attentifs à cela, beaucoup descendront prématurément dans la tombe.

Ne choisissez pas au hasard les heures de sommeil. Les étudiants ne doivent pas prendre l’habitude de travailler jusqu’à minuit en dormant pendant la journée. S’ils ont été habitués à faire cela chez eux, ils doivent corriger cette habitude en allant se coucher à une heure raisonnable. Ils se lèveront alors le matin prêts à accomplir les tâches de la journée. Dans nos écoles, il faudrait éteindre les lumières à neuf heures et demie.

Savoir placer sa voix

Savoir placer sa voix influe beaucoup sur la santé des élèves. Il est nécessaire d’apprendre aux jeunes à respirer correctement et à lire de façon à ne pas imposer à la gorge et aux poumons un stress peu naturel en faisant travailler les muscles abdominaux. Parler de la gorge en laissant le son venir de la partie supérieure des organes vocaux porte atteinte à la santé de ces derniers et amoindrit leur efficacité. Les muscles abdominaux doivent faire le plus gros du travail, la gorge ne servant que de conduit. Beaucoup de gens ne seraient pas morts s’ils avaient appris à utiliser correctement leur voix. Le bon usage des muscles abdominaux, quand il s’agit de lire et de parler, remédiera à de nombreuses déficiences de la voix et de la poitrine et prolongera la vie.

Le régime alimentaire

La nature des aliments et la façon dont ils sont ingérés ont une grande influence sur la santé. Beaucoup d’étudiants n’ont jamais résolu de contrôler leur appétit ni d’observer des règles alimentaires saines. Certains mangent trop aux repas ou entre les repas quand la tentation se présente.

Il faut imprimer dans l’esprit de tous les étudiants la nécessité de faire attention aux habitudes alimentaires. Il m’a été révélé qu’il ne faut pas servir de viande ni de préparations alimentaires peu saines aux étudiants qui fréquentent nos écoles. Rien de ce qui encourage le désir d’excitants ne doit être mis sur la table. J’invite chacun à refuser de manger ce qui nuit à la santé. On servira ainsi le Seigneur dans un esprit de sacrifice.

Ceux qui obéissent aux lois de la santé prendront le temps de réfléchir aux besoins du corps et aux lois de la digestion; et ils seront récompensés par la clarté et la force de leur esprit. D’autre part, il est possible de porter atteinte à son expérience chrétienne en abusant de ce qui nuit à l’estomac. Les aliments qui freinent la digestion engourdissent les sentiments les plus nobles. Ce qui obscurcit et ternit la peau assombrit également l’humeur et détruit les sentiments de gaieté et de paix. Toute habitude destructrice pour la santé agit sur l’esprit. Le temps passé à rétablir et préserver la santé mentale et physique n’est pas perdu, au contraire. Des nerfs solides et sereins, une circulation sanguine saine aident à suivre de bons principes et à écouter les appels de la conscience.

Ventilation et hygiène

La ventilation et l’hygiène doivent être l’objet de soins attentifs. L’enseignant mettra en pratique dans la salle de cours les principes liés à la physiologie et à l’hygiène. Il préservera ainsi ses élèves des dangers résultant de l’ignorance ou de la négligence des lois sanitaires. De nombreuses vies ont été sacrifiées à la suite d’un manque d’attention envers ces questions de la part des éducateurs.

Évitons les changements brusques de température. Soyons attentifs à ce que les étudiants ne prennent pas froid en restant assis dans les courants d’air. Il n’est pas bon que l’enseignant régule lui-même la chaleur de la salle de classe d’après ses propres sensations. Pour son propre bien et celui de ses élèves, il est nécessaire de maintenir une température uniforme.

L’obéissance récompensée

Le cerveau est la citadelle de l’être. Les mauvaises habitudes nuisent au cerveau et empêchent les étudiants de parvenir à l’objet de leurs désirs, une bonne discipline mentale. S’ils ne savent comment préserver leur corps tout autant que leur esprit, ils ne feront pas de bonnes études. L’étude n’est pas la principale cause de l’effondrement des facultés mentales, mais plutôt un régime inadéquat, des repas irréguliers, le manque d’exercice physique et toute autre négligence des lois de la santé. Si nous faisons notre possible pour préserver notre santé, demandons à Dieu, par la foi, de bénir nos efforts.

Avant de pouvoir parler de leur réussite dans les études dites “supérieures”, les étudiants doivent apprendre à manger et à boire à la gloire de Dieu et à exercer leur cerveau, leurs os et leurs muscles de façon à se qualifier pour les services les plus nobles. L’étudiant qui consacre toute son énergie à acquérir des connaissances tout en désobéissant aux lois qui gouvernent son être perdra en efficacité. En chérissant de mauvaises habitudes, il perd le discernement et la maîtrise de soi. Il ne peut plus raisonner correctement sur des questions qui le touchent de près et traite son esprit et son corps de façon désordonnée et irrationnelle.

C’est à chacun qu’incombe la responsabilité de se garder en bonne santé. Le Seigneur attend de chacun qu’il œuvre quotidiennement à son salut. Il nous demande de raisonner selon la loi de cause à effet, de ne pas oublier que nous lui appartenons, et de nous unir à lui en gardant notre corps pur et sain et notre être tout entier sanctifié par lui.

Les jeunes doivent savoir qu’ils ne sont pas libres de disposer de leur vie. Dieu demandera des comptes à ceux qui traitent à la légère ses précieux dons. Les hommes doivent réaliser que plus ils ont reçu d’énergie, de talents, de moyens et d’occasions favorables, plus le fardeau de l’œuvre de Dieu repose sur eux, et plus ils doivent accomplir de choses. Les jeunes qui ont été formés à penser que la vie est un dépôt sacré hésiteront à plonger dans la spirale de la dissipation et du crime qui, à notre époque, engloutit tant de jeunes prometteurs.

L’éducateur dont les forces physiques sont amoindries par la maladie ou le surmenage sera particulièrement attentif aux lois de la santé. Il prendra le temps de se détendre. S’il constate que sa santé n’est pas assez bonne pour supporter la pression engendrée par de nombreux cours, il écoutera les avertissements de la nature et allégera son fardeau. En dehors de son travail scolaire, il ne prendra pas de responsabilités risquant de l’éprouver intellectuellement et physiquement, de façon à ne pas déséquilibrer son système nerveux. Il ne serait plus en mesure de s’occuper de jeunes esprits ni de se montrer juste envers lui-même et ses étudiants.

Il arrive que l’enseignant apporte dans la classe un peu de l’obscurité qui a envahi son âme. Il s’est surmené et fait preuve de nervosité ou bien sa dyspepsie donne une sombre couleur aux choses. Il entre dans la classe avec les nerfs à vif et l’estomac irrité. Rien ne semble lui plaire, il pense que ses élèves cherchent à lui manquer de respect et il adresse de tous côtés blâmes et critiques acerbes. Si un élève fait une erreur ou manque de discipline, il exagère son cas dans son esprit et lui fait des reproches sévères et cassants. Cette attitude injuste l’empêche ensuite de reconnaître qu’il s’est trompé. Soucieux de protéger sa dignité, il manque une bonne occasion de faire preuve du même état d’esprit que le Christ, ou même de gagner une âme au ciel.

Il incombe à tous les éducateurs de faire leur possible pour offrir leur corps au Christ comme un sacrifice vivant, sain et pur de toute souillure morale, pour pouvoir coopérer avec lui au salut des âmes.