Pourquoi ces afflictions?
[Vers la fin de 1891, Ellen G. White, sollicitée par la Conférence Générale, se rendit en Australie pour apporter son concours à l’œuvre récemment établie. Son séjour s’y prolongea durant neuf années. A peine arrivée elle fut surprise par une maladie grave et douloureuse. Ce qui suit atteste sa force d’âme dans l’affliction. Voyez quelles leçons elle a tirées de son expérience.—Les compilateurs.]
Chaque courrier a emporté de cent à deux cents pages écrites de ma main, le plus souvent alors que j’étais assise dans mon lit, appuyée par des coussins, ou assise peu confortablement sur une chaise.
La position assise occasionne des douleurs à ma hanche et à la partie inférieure de mon épine dorsale. Si l’on pouvait se procurer ici [en Australie] des chaises longues comme vous en avez au sanatorium, je ne manquerais pas d’en acheter une, même au prix de trente dollars. ... J’éprouve une grande fatigue à rester sur une chaise, le buste et la tête droits. Je dois appuyer ma tête sur des coussins, au dos de ma chaise, à demi penchée. C’est ce qui m’arrive en ce moment.
Néanmoins je ne suis nullement découragée. Je me sens soutenue moralement jour après jour. Durant les longues et pénibles heures de la nuit, quand il n’est pas question de dormir, je consacre beaucoup de temps à la prière; quand tous mes nerfs sont endoloris, au point qu’il me semble en perdre la raison, la paix de Dieu a inondé mon cœur avec une telle abondance que j’ai été remplie de gratitude et d’actions de grâces. Je sais que Jésus m’aime et je l’aime. Il m’est arrivé de ne dormir que trois heures par nuit, rarement quatre, plus souvent deux; cependant je me sens enveloppée de lumière au milieu de ces longues nuits ténébreuses d’Australie, et je jouis d’une douce communion avec Dieu.
Au premier moment, quand je me suis vue dans cet état d’impuissance, j’ai bien regretté d’avoir franchi le vaste océan. Pourquoi ne suis-je pas restée en Amérique? Pourquoi avoir tant dépensé pour venir dans ce pays? Plus d’une fois j’aurais pu cacher mes pleurs sous mes couvertures. Mais je ne me suis pas accordé le luxe de verser beaucoup de larmes.
Je me suis dit: “Que fais-tu, Ellen G. White? N’es-tu pas venue en Australie pour remplir un devoir, accoutumée à te rendre là où la Conférence Générale estime qu’il faut aller?”
Je ne pus répondre que oui.
“Alors pourquoi te crois-tu abandonnée et te sens-tu découragée? N’est-ce pas là le travail de l’ennemi?”
“Bien sûr”, dis-je.
J’essuyai promptement mes larmes en disant: “C’est assez; je ne veux pas m’appesantir plus longtemps sur le côté sombre des choses. A la vie ou à la mort, je remets mon âme à Celui qui est mort pour moi.”
Dès lors j’ai cru que le Seigneur disposerait toutes choses pour le mieux, si bien que durant ces huit mois d’impuissance je n’ai éprouvé ni découragement ni doute. Je pense que ceci rentre dans le plan général du Seigneur pour le bien de son peuple autant en ce pays-ci qu’en Amérique, et pour le mien aussi. Je ne puis m’expliquer le pourquoi ou le comment, mais je crois. Et je suis heureuse dans mon affliction. Je me confie en mon Père céleste; je ne veux pas douter de son amour. Jour et nuit je suis assistée par un gardien vigilant. Aussi je loue le Seigneur; les louanges qui s’échappent de mes lèvres jaillissent d’un cœur débordant de gratitude.—Lettre 18 a, 1892.
Méditations à travers des jours d’affliction
Prière et onction d’huile, mais pas de guérison instantanée
21 mai 1892.Une nuit pénible, presque sans sommeil, a pris fin. Hier après midi le pasteur [A. G.] Daniells et sa femme, le pasteur [G. C.] Tenney et sa femme, avec les frères Stockton et Smith, sont venus chez nous à ma demande pour solliciter ma guérison auprès du Seigneur. De ferventes prières ont été prononcées, et nous avons été tous richement bénis. J’ai été soulagée, mais non guérie. Maintenant que j’ai suivi toutes les directions données dans la Bible, il ne me reste qu’à attendre l’intervention du Seigneur, avec l’assurance qu’au moment choisi par lui il me guérira. Ma foi saisit sa promesse: “Demandez, et vous recevrez.”Jean 16:24.
Je sais que le Seigneur a entendu nos prières. J’avais espéré que ma captivité prendrait fin immédiatement; mon jugement borné me faisait estimer qu’ainsi Dieu serait glorifié. J’ai reçu d’abondantes bénédictions pendant que nous étions en prière, aussi je vais me cramponner à l’assurance qui m’est donnée: “Je suis ton Rédempteur; je veux te guérir.”—Manuscrit 19, 1892.
“Je ne veux pas perdre mon sang-froid”
23 juin 1892.Encore une nuit où je n’ai dormi que trois heures. Je ne souffrais pas autant que d’habitude, mais j’étais agitée et nerveuse. Après avoir en vain cherché le sommeil, pendant assez longtemps, j’y ai renoncé et je me suis efforcée de chercher le Seigneur. De quel prix me paraissait la promesse: “Demandez, et l’on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l’on vous ouvrira.”Matthieu 7:7. Avec ardeur j’ai supplié le Seigneur de m’accorder consolation et paix, choses que le Seigneur Jésus peut donner. Je désire la bénédiction du Seigneur afin de garder mon sang-froid même dans la souffrance. Je n’ose me fier à moi-même un seul instant.
À l’instant même où Pierre détacha son regard de Jésus il commença à s’enfoncer. Dès qu’il comprit le danger et leva les yeux vers Jésus en criant: Sauve-moi, Seigneur, ou je vais périr, la main toujours prête à délivrer le saisit et le sauva. ...
À mon foyer je dois sans cesse rechercher et poursuivre la paix. ... Malgré les souffrances physiques et les nerfs affaiblis, il ne faut pas penser que l’on a le droit de s’impatienter et de se plaindre si l’on ne reçoit pas toute l’attention désirée. L’impatience bannit du cœur l’Esprit de Dieu et donne lieu à l’influence de Satan.
Quand nous cherchons à excuser notre égoïsme, nos mauvaises pensées et nos méchantes paroles, nous nous habituons au mal et si nous persistons nous devenons victimes de la tentation. Nous nous trouvons alors sur le terrain de Satan, faibles, vaincus et découragés.
Se confier en soi-même, c’est préparer sa chute. Le Christ dit: “Demeurez en moi, et je demeurerai en vous. Comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s’il ne demeure attaché au cep, ainsi vous ne le pouvez non plus, si vous ne demeurez en moi.”Jean 15:4.
Quel fruit devons-nous porter? “Le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance; la loi n’est pas contre ces choses.”Galates 5:22, 23.
À mesure que je méditais sur ces choses, j’ai ressenti de plus en plus quelle faute il y a à négliger de se maintenir dans l’amour de Dieu. Le Seigneur ne fait rien sans notre concours. Quand le Christ a demandé au Père de garder ses disciples en son nom, il n’a pas voulu que nous négligions de nous maintenir dans l’amour de Dieu et dans la foi. Vivants pour Dieu, vivifiés par notre union avec le Christ, nous faisons confiance aux promesses et nous augmentons sans cesse nos forces en contemplant Jésus. Qu’est-ce qui peut changer les sentiments ou ébranler la confiance de celui qui par la contemplation du Sauveur se voit transformé à son image? Un tel se laissera-t-il impressionner par le moindre manque d’égards? Fera-t-il de son moi le centre de l’univers? Suffira-t-il de la plus petite chose pour troubler sa paix? Celui en qui le Christ habite est aisément content. Il ne soupçonne pas le mal et il lui suffit de savoir que Jésus connaît et estime à sa juste valeur chacune des âmes pour lesquelles il est mort. “Je rendrai les hommes plus précieux que l’or fin, je les rendrai plus précieux que l’or d’Ophir.”Ésaïe 13:12, version anglaise autorisée. Que ceci suffise à satisfaire les aspirations de notre âme et à nous rendre attentifs et vigilants, toujours prêts à pardonner parce que Dieu nous a pardonnés.
Le bonheur de cette vie est fait de peu de choses. Il est donné à chacun de pratiquer une vraie courtoisie chrétienne. Ce n’est pas de posséder de magnifiques talents qui nous assurera la victoire, mais l’accomplissement consciencieux des devoirs quotidiens. Un regard aimable, un esprit paisible, une disposition à se contenter de peu, un intérêt sincère et non simulé pour le bien-être d’autrui—ce sont les choses utiles dans la vie chrétienne. N’essayons pas de faire prévaloir notre propre volonté, ne nous obstinons pas d’une manière égoïste à nous faire passer pour malheureux et déçus. La santé du corps dépend davantage qu’on ne l’imagine de la santé morale du cœur.
Un tel peut s’imaginer d’être incompris, de ne pouvoir occuper un poste élevé pour lequel il se sent qualifié, et de se croire un martyr. Qui doit-il accuser comme responsable de son malheur? Une chose est certaine: la bonté et l’amabilité feront davantage pour le faire apprécier que toute l’habileté dont il pourrait faire preuve s’il a le malheur de se montrer peu sociable.
Jésus connaît nos peines et nos douleurs
26 juin 1892.Je vois avec plaisir arriver le jour car mes nuits sont longues et harassantes. Même si le sommeil m’est refusé, mon cœur déborde de gratitude car je pense que Celui qui jamais ne sommeille veille sur moi pour mon bien. Pensée merveilleuse: Jésus connaît toutes nos douleurs, toutes nos peines. Dans toutes nos détresses il est en détresse avec nous. Nous avons des amis qui ne savent rien, par expérience, des misères humaines et des souffrances physiques. N’ayant jamais connu la maladie ils sont incapables de sympathiser avec les malades. Mais Jésus est touché par nos infirmités. Il est le grand missionnaire médical. Il a revêtu notre humanité et a inauguré une nouvelle dispensation afin de réconcilier la justice avec la compassion.—Manuscrit 19, 1892.
“Fais de moi un sarment sain”
29 juin 1892.Voici ma prière à mon réveil: Jésus, prends sous ta garde ton enfant aujourd’hui. Prends-moi sous ta protection, fais de moi un sarment sain, rattaché au cep vivant, et portant du fruit. Le Christ a dit: “Sans moi vous ne pouvez rien faire.”Jean 15:5. En lui et par lui nous pouvons toutes choses.
Lui qui avait reçu l’adoration des anges et qui avait été charmé par la musique des chœurs célestes, était toujours touché par les souffrances des enfants, quand il était sur la terre, et il était toujours disposé à écouter le récit de leurs petits malheurs. Souvent il tarissait leurs larmes et les consolait par des paroles de tendre sympathie qui dissipaient leurs ennuis et leur faisaient oublier leur chagrin. La colombe symbolique qui se posa sur Jésus au moment de son baptême représente la bonté de son caractère.—Manuscrit 19, 1892.
“Que je ne prononce aucune parole désobligeante”
30 juin 1892.Une autre nuit de grande fatigue touche à sa fin. Bien que je continue à éprouver de vives douleurs, je sais que mon Sauveur ne m’a pas abandonnée. Voici ma prière: Jésus, aide-moi à ne pas te déshonorer par mes lèvres. Que je ne prononce aucune parole désobligeante.—Manuscrit 19, 1892.
“Je ne veux pas me plaindre”
6 juillet 1892.Je suis si reconnaissante de pouvoir dire au Seigneur toutes mes craintes et mes inquiétudes. Je me sens à l’ombre de ses ailes. Un incrédule ayant demandé un jour à un jeune homme craignant Dieu: “Combien est-il grand, le Dieu que vous adorez”, celui-ci répondit: “Si grand qu’il remplit l’immensité, et en même temps si petit qu’il peut établir sa demeure en tout cœur sanctifié.”
Mon précieux Sauveur, je soupire après ton salut. “Comme une biche soupire après des courants d’eau, ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu!”Psaumes 42:2. Je désire ardemment mieux connaître Jésus. J’aime à penser à sa vie immaculée, à méditer sur ses enseignements. Très souvent je répète ses paroles: “Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos.”Matthieu 11:28.
La plupart du temps mon corps est assailli de douleurs, mais je ne veux pas me plaindre et être indigne de porter le nom de chrétienne. Je suis persuadée que cette souffrance sera une leçon à la gloire de Dieu, qui fera que d’autres éviteront de travailler d’une manière ininterrompue dans des circonstances aussi défavorables à la santé du corps.—Manuscrit 19, 1892.
“Le Seigneur me fortifie”
7 juillet 1892.Le Seigneur me fortifie par sa grâce, pour me permettre d’écrire des lettres importantes. Souvent des frères me demandent conseil. J’ai la ferme assurance que cette pénible affliction est pour la gloire du Seigneur. Je ne veux pas murmurer, car quand je m’éveille la nuit j’ai l’impression de me trouver sous le regard de Jésus. Le 51echapitre d’Esaïe m’est fort précieux. Il porte tous mes fardeaux. Je lis ce chapitre avec confiance et espoir.—Manuscrit 19, 1892.
Il n’est pas question de battre en retraite
10 juillet 1892.J’ai réveillé Emilieà cinq heures pour allumer mon feu et m’aider à m’habiller. Je remercie le Seigneur de m’avoir accordé une meilleure nuit que de coutume. Je passe mes heures d’insomnie dans la prière et la méditation. Une question se presse en mon esprit: Pourquoi ne reçois-je pas le bienfait de la guérison? Dois-je voir dans ces longs mois de maladie une preuve du déplaisir de Dieu à cause du fait que je suis venue en Australie? Je réponds avec fermeté: Assurément pas. Avant de quitter l’Amérique il m’est arrivé de penser: il n’est pas possible que le Seigneur exige que je me rende dans un pays si éloigné, à mon âge, alors que j’étais accablée de travail. Mais j’ai suivi la voix de la Conférence [Générale], comme je l’ai fait chaque fois que je n’avais pas reçu de direction contraire. Je suis venue en Australie et j’ai trouvé les croyants dans une condition nécessitant une aide. Des semaines durant, après mon arrivée, j’ai œuvré aussi ardemment que je l’avais fait en ma vie. Des paroles me furent inspirées au sujet du besoin d’une piété personnelle. ...
Me voici en Australie, et je crois être là où le Seigneur désire que je sois. Bien que la souffrance soit mon lot, je ne songe nullement à battre en retraite. Il m’est donné cette assurance bénie: Jésus est à moi et je suis son enfant. Les ténèbres sont dissipées par les brillants rayons du Soleil de justice. Qui peut comprendre ce que je souffre, si ce n’est Celui qui est en détresse chaque fois que je suis en détresse? A qui pourrais-je m’adresser, sinon à Celui qui se laisse toucher par nos infirmités, et qui sait secourir ceux qui sont tentés?
Quand je prie avec ferveur en vue de ma guérison, et qu’il me semble ne pas recevoir de réponse du Seigneur, mon esprit est sur le point de défaillir. C’est alors que mon cher Sauveur me rappelle sa présence. Il me dit: Ne peux-tu pas te confier à Celui qui t’a rachetée par son sang? Ton nom est gravé sur les paumes de mes mains. Alors mon âme est rassasiée par sa divine Présence. Je me sens comme arrachée à moi-même et enlevée en la présence de Dieu.—Manuscrit 19, 1892.
Dieu sait ce qui vaut mieux
14 juillet 1892.Lorsque le mal qui m’afflige depuis plusieurs mois m’a surprise, j’ai été étonnée de voir qu’il n’était pas écarté immédiatement en réponse à la prière. Mais la promesse “Ma grâce te suffit” (2 Corinthiens 12:9) a trouvé son accomplissement en moi. Ceci ne me laisse aucun doute. Mes heures de souffrance ont été des heures de prière, car je savais à qui confier mes peines. J’ai pu retremper mes faibles forces en saisissant la puissance infinie. Jour et nuit je me tiens sur le ferme rocher des promesses divines.
Mon cœur s’élance vers Jésus avec une confiance faite d’amour. Il sait ce qui vaut mieux pour moi. J’éprouverais une grande solitude, la nuit, si je ne pouvais m’emparer de la promesse: “Invoque-moi au jour de la détresse; je te délivrerai, et tu me glorifieras.”Psaumes 50:15.—Manuscrit 19, 1892.
Leçons apprises pendant des mois de souffrance
J’ai traversé de grandes épreuves au milieu de mes souffrances et de mon état de totale impuissance, mais tout cela m’a valu une expérience plus précieuse que l’or. Lorsqu’il m’a fallu renoncer aux plans que je caressais pour visiter les églises d’Australie et de Nouvelle-Zélande, je me suis demandé si mon devoir exigeait vraiment que je quitte l’Amérique pour venir dans ce pays lointain. Mes souffrances étaient aiguës; pendant bien des heures de la nuit je n’ai cessé de repasser notre expérience depuis le moment où nous avons quitté l’Europe pour l’Amérique, et cela n’a été qu’anxiétés, souffrances et soucis. Et je me suis demandé pourquoi tout cela?
J’ai revu attentivement l’histoire des dernières années et l’œuvre que le Seigneur m’a assignée. Il ne m’a jamais fait défaut; souvent il s’est manifesté à moi d’une manière remarquable; j’ai vu que je n’avais aucun sujet de me plaindre; qu’au contraire des choses précieuses couraient comme un fil d’or à travers mon expérience. Le Seigneur savait mieux que moi ce qui me convenait et j’ai senti qu’il m’attirait tout près de lui, et que je devais me garder de dicter à Dieu sa conduite à mon égard. Au début j’avais de la peine à accepter mes souffrances et à me résigner à mon état d’impuissance, mais je n’ai pas tardé à comprendre que mon affliction rentrait dans le plan de Dieu. J’ai constaté qu’en étant tantôt couchée et tantôt assise je pouvais prendre une position qui me permettait d’employer mes mains crispées, et que je pouvais écrire passablement, quoique non sans peine. Depuis mon arrivée dans ce pays j’ai écrit seize cents pages sur papier de ce format.
“Je sais en qui j’ai cru”
Au cours des neuf derniers mois il m’est souvent arrivé de ne pouvoir dormir plus de deux heures par nuit, et parfois je me sentais enveloppée de ténèbres; mais la prière me permettait de me rapprocher de Dieu et d’en éprouver une douce consolation. Ces promesses s’accomplissaient pour moi: “Approchez-vous de Dieu, et il s’approchera de vous.”Jacques 4:8. “Quand l’ennemi viendra comme un fleuve, l’esprit de l’Eternel le mettra en fuite.”Ésaïe 59:19. Le Seigneur m’inondait de lumière. Jésus me faisait sentir sa sainte présence, et sa grâce me suffisait, car mon âme se reposait sur Dieu et je débordais de gratitude envers Celui qui m’a aimée et qui s’est donné pour moi. De tout mon cœur je pouvais dire: “Je sais en qui j’ai cru.”2 Timothée 1:12. “Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au delà de vos forces; mais avec la tentation il préparera aussi le moyen d’en sortir, afin que vous puissiez la supporter.”1 Corinthiens 10:13. Grâce à Jésus-Christ j’ai été plus que vainqueur et me suis établie sur un terrain ferme.
Je ne puis discerner le dessein de Dieu dans mon affliction, mais il sait ce qui vaut mieux; aussi vais-je lui remettre mon âme, mon corps et mon esprit, comme au fidèle Créateur. “Car je sais en qui j’ai cru, et je suis persuadé qu’il a la puissance de garder mon dépôt jusqu’à ce jour-là.”2 Timothée 1:12. Si nous voulions habituer et entraîner nos âmes à avoir plus de foi, plus d’amour, une plus grande patience, une confiance plus parfaite en notre Père céleste, je suis sûre que nous jouirions d’une paix et d’un bonheur plus abondants, jour après jour, alors que nous connaissons les luttes de cette vie.
Le Seigneur n’est pas content quand nous sommes impatients et que nous nous dégageons des bras de Jésus. Il nous faut savoir davantage attendre tranquillement et veiller en même temps. Nous attachons trop d’importance à nos sentiments et nous demandons quelque signe approprié aux circonstances; mais ce n’est pas le sentiment qui compte, c’est la foi.
Marcher par la foi
Si nous nous conformons à la Parole écrite, dans la mesure où nous la comprenons, nous devons marcher par la foi, que nous en éprouvions ou non de la satisfaction. C’est déshonorer Dieu que de montrer de la défiance à son égard alors qu’il nous a donné des preuves aussi lumineuses de son grand amour en livrant à la mort son Fils unique, pour notre sacrifice, afin que nous croyions en lui, que nous placions notre espérance sur lui, que nous nous confiions en sa Parole sans le moindre doute.
Regardez sans cesse à Jésus, offrant des prières silencieuses, avec foi, vous saisissant de sa force, quels que puissent être vos sentiments. Allez courageusement de l’avant, comme si chaque prière était allée se loger dans le trône de Dieu et avait obtenu une réponse de Celui dont les promesses ne font jamais défaut. Allez droit devant vous, en chantant et en psalmodiant dans vos cœurs devant Dieu, même si vous vous sentez déprimés, tristes et accablés. Je vous parle en connaissance de cause, la lumière viendra, vous aurez de la joie, brumes et nuages seront dissipés. Nous échappons à l’influence opprimante de l’ombre et des ténèbres pour émerger à la claire lumière de la présence divine.
Si nous voulions exprimer davantage notre foi, jouir plus intensément des bénédictions que nous savons avoir reçues—la grande miséricorde de Dieu, sa longanimité, son amour—nous aurions chaque jour plus de force. Est-ce que les précieuses paroles dites par le Christ, le Prince de Dieu, ne devraient pas exercer sur nous une plus profonde influence, nous apportant l’assurance que notre Père céleste est plus disposé à donner son Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent que des parents à donner de bonnes choses à leurs enfants?
Il nous faut nous consacrer chaque jour à Dieu, assurés qu’il accepte le sacrifice, sans chercher à savoir si nos sentiments sont au rythme de notre foi. Le sentiment et la foi sont aussi distants l’un de l’autre que l’occident de l’orient. La foi ne dépend pas du sentiment. Notre cri fervent doit monter vers Dieu avec foi, que le sentiment existe ou fasse défaut, et ensuite nous devons vivre en harmonie avec nos prières. Notre assurance repose uniquement sur la Parole de Dieu; après avoir demandé il nous faut croire et ne pas douter. Je te loue, ô Dieu, je te loue. Tu n’as pas manqué à tes promesses. Tu t’es révélé à moi et je suis à toi pour faire ta volonté.
Veillez aussi attentivement qu’Abraham pour que les corbeaux ou d’autres oiseaux de proie ne viennent pas se poser sur le sacrifice que vous offrez à Dieu. Il faut à tout prix empêcher une pensée de doute de venir à la lumière par une déclaration exprimée. Des paroles dites en hommage aux puissances des ténèbres chassent la lumière. La vie du Seigneur ressuscité devrait se déployer sans cesse en nous.
Le sentier qui conduit au ciel est étroit et incommode
Quel est le sentier qui vous conduit au ciel? Une route avec toutes les commodités désirables? Non, c’est un sentier étroit et apparemment incommode; un sentier de luttes, d’épreuves, de tribulations et de souffrances. Notre Capitaine, Jésus-Christ, ne nous a rien caché des batailles que nous avons à livrer. Il place la carte devant nous et nous indique la route à suivre. Il nous dit: “Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite. Car, je vous le dis, beaucoup chercheront à entrer, et ne le pourront pas.”Luc 13:24. “Large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là.”Matthieu 7:13. “Vous aurez des tribulations dans le monde.”Jean 16:33. A ces paroles du Christ font écho celles de l’apôtre: “C’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu.”Actes des Apôtres 14:22. Eh bien, allons-nous toujours tenir devant nos yeux l’aspect décourageant des choses? ...
Recueillir chaque promesse
Voici Jésus, la vie de toute grâce, de toute promesse, de toute ordonnance, de toute bénédiction, Jésus, substance, gloire et parfum, la vie elle-même. “Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie.”Jean 8:12. Le sentier royal tracé pour le racheté n’est pas enveloppé de désespérantes ténèbres. Il est vrai que notre pèlerinage serait solitaire et pénible en l’absence de Jésus. “Je ne vous laisserai pas orphelins” (Jean 14:18), a-t-il dit. Recueillons donc toute promesse écrite. Répétons-la de jour et méditons-la de nuit, et vivons heureux.
“Tu diras en ce jour-là: Je te loue, ô Eternel! Car tu as été irrité contre moi, ta colère s’est apaisée, et tu m’as consolé. Voici, Dieu est ma délivrance, je serai plein de confiance, et je ne craindrai rien; car l’Eternel, l’Eternel est ma force et le sujet de mes louanges; c’est lui qui m’a sauvé. Vous puiserez de l’eau avec joie aux sources du salut, et vous direz en ce jour-là: Louez l’Eternel, invoquez son nom, publiez ses œuvres parmi les peuples, rappelez la grandeur de son nom! Célébrez l’Eternel, car il a fait des choses magnifiques; qu’elles soient connues par toute la terre! Pousse des cris de joie et d’allégresse, habitant de Sion! Car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël.”Ésaïe 12:1-6.
N’est-ce pas effectivement un sentier royal que nous parcourons, tracé à l’intention des rachetés? Peut-on en imaginer un meilleur? Et plus sûr? Non, assurément. Mettons donc en pratique les instructions reçues. Trouvons notre refuge en notre Sauveur, qu’il soit un bouclier dans notre main droite pour nous protéger contre les flèches de Satan.
Nous serons assaillis de tentations, accablés de soucis et de ténèbres. Qui nous entoure de ses bras éternels quand le cœur et la chair tombent en défaillance? Qui nous applique la précieuse promesse? Qui nous rappelle les paroles d’assurance et d’espoir? Qui dispense sa grâce en abondance sur ceux qui la demandent en toute sincérité? Qui est-ce qui nous impute sa justice et nous délivre de nos péchés? Qui dissipe les brumes et les brouillards et nous inonde de la lumière de sa présence? Qui, sinon Jésus? Aimons-le donc, louons-le. “Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur; je le répète, réjouissez-vous.”Philippiens 4:4. Jésus n’est-il pas toujours un Sauveur vivant? “Si donc vous êtes ressuscités avec Christ, cherchez les choses d’en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu.”Colossiens 3:1. Nous sommes ressuscités avec Christ. Christ est notre vie. Par sa grâce et son amour miséricordieux nous sommes élus, adoptés, pardonnés et justifiés. Magnifions donc le Seigneur.—Lettre 7, 1892.