Le ministre de l'Evangile est l'interprète de Dieu, et il doit représenter le Seigneur aussi bien dans ses pensées et ses paroles que dans ses actes. Quand Moïse fut choisi comme messager de l'Alliance, Dieu lui dit: "Tu parleras ainsi à la maison d'Israël." Exode 19:3. Aujourd'hui encore, comme il appela Moïse, Dieu appelle des hommes pour le représenter auprès de leurs semblables, et une terrible malédiction pèse sur celui qui déshonore cette sainte vocation ou qui ne se conforme pas à l'exemple que le Fils de Dieu lui a donné par sa vie et ses travaux.
Le châtiment qui frappa Nadab et Abihu, les fils d'Aaron, montre comment Dieu traite celui qui, par sa conduite, souille son saint ministère. Ces hommes avaient été consacrés à la prêtrise, mais n'avaient pas appris à dominer leurs passions. Des péchés longtemps tolérés avaient fini par les enchaîner si puissamment que même le sentiment des devoirs de leur charge ne pouvait plus les libérer.
A l'heure de l'adoration, tandis que les prières et les louanges du peuple d'Israël montaient vers Dieu, Nadab et Abihu, qui s'étaient enivrés, prirent leurs encensoirs et y brûlèrent de l'encens. Mais, transgressant l'ordre de Dieu, ils se servirent d'un "feu étranger" au lieu du feu sacré. Pour les punir, un feu "sortit de devant l'Eternel" et les consuma à la vue de tout le peuple. Alors "Moïse dit à Aaron: C'est ce que l'Eternel a déclaré, lorsqu'il a dit: Je serai sanctifié par ceux qui s'approchent de moi, et je serai glorifié en présence de tout le peuple". Lévitique 10:3.
La mission d'Esaïe
Avant d'envoyer Esaïe porter un message à son peuple, Dieu, dans une vision, lui permit d'entrevoir le lieu très saint. Soudain, la porte du temple s'ouvrit, le voile fut tiré, et il put regarder à l'intérieur du saint des saints, là où même un prophète ne pouvait pénétrer. Il vit alors Jéhovah sur un trône élevé, remplissant le temple de sa gloire. Auprès de lui se tenaient des séraphins, comme des gardes autour du grand Roi, reflétant la gloire qui les environnait. Tandis que retentissaient les chants de louange et d'adoration, les piliers de la porte furent ébranlés comme par un tremblement de terre. Avec des lèvres que le péché n'avait jamais souillées, ces anges louaient Dieu, disant: "Saint, saint, saint est l'Eternel des armées, toute la terre est pleine de sa gloire." Ésaïe 6:3.
Les séraphins qui entourent le trône sont tellement pénétrés de vénération devant la majesté de Dieu que, pas un instant, ils n'auraient la pensée de se considérer eux-mêmes pour s'admirer. Leurs louanges s'adressent uniquement à l'Eternel. Lorsqu'ils voient, par avance, le moment où toute la terre sera remplie de sa magnificence, leurs voix s'élèvent en un choeur harmonieux: "Saint, saint, saint est l'Eternel des armées." Ils sont pleinement heureux de rendre gloire à Dieu et de demeurer en sa présence, ne souhaitant rien d'autre que le divin sourire de son approbation. Refléter son image, lui obéir et l'adorer, telle est leur suprême ambition.
Tandis qu'il écoutait, le prophète comprit quelles étaient la splendeur, la puissance et la majesté du Seigneur, et, grâce à cette révélation, il vit clairement à quel point il était pécheur. Même ses paroles lui parurent souillées. Empreint d'une profonde humilité, il s'écria: "Malheur à moi! je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures,... et mes yeux ont vu le Roi, l'Eternel des armées." Ésaïe 6:5.
L'humilité d'Esaïe était sincère. Le contraste qui existe entre l'humanité et la divinité avait frappé son esprit et il sentait à la fois son impuissance et son indignité. Comment pourrait-il alors transmettre au peuple les saintes prescriptions de Jéhovah?
"Mais, écrit-il, l'un des séraphins vola vers moi, tenant à la main un charbon ardent, qu'il avait pris sur l'autel avec des pincettes. Il en toucha ma bouche, et dit: Ceci a touché tes lèvres; ton iniquité est enlevée, et ton péché est expié." Ésaïe 6:6, 7.
Puis Esaïe entendit la voix du Seigneur, disant: "Qui enverrai-je, et qui marchera pour nous?" et, fortifié par la pensée de l'attouchement divin, il répondit: "Me voici, envoie-moi."
Quand les ministres de Dieu pénètrent par la foi dans le saint des saints et y voient officier notre Souverain Sacrificateur, ils se rendent compte à quel point leurs lèvres sont impures et combien souvent leurs bouches ont proféré des paroles vaines. La perfection du Christ offre, en effet, avec leur indignité, un contraste désespérant et c'est le coeur contrit que, conscients de leur totale impuissance devant l'oeuvre immense qui les attend, ils s'écrient: "Nous sommes perdus!" Mais si, comme Esaïe, ils s'humilient devant l'Eternel, il leur sera fait comme au prophète. Leurs lèvres seront purifiées par le charbon ardent de l'autel et le sentiment de la majesté et de la puissance de Dieu, ainsi que de son désir de les aider, les empêchera de penser à leur propre déficience. Ils comprendront la sainteté de leur tâche et repousseront avec horreur tout ce qui pourrait les amener à déshonorer celui qui leur a confié son divin message.
Le charbon ardent, symbole de purification, représente aussi l'efficacité des efforts des véritables serviteurs de Dieu. A ceux dont la consécration est telle que le Seigneur peut toucher leurs lèvres, s'adresse la parole: "Entrez dans le champ de la moisson, je serai avec vous."
Le ministre de l'Evangile ainsi purifié sera dans le monde une puissance pour le bien. Ses paroles seront sincères et vraies, pleines de sympathie et d'amour; il marchera dans le droit chemin, venant ainsi en aide aux faibles, pour qui il sera une bénédiction. Le Christ l'assistera constamment, inspirant ses pensées, ses paroles et ses actes. Ses efforts pour vaincre l'orgueil, la convoitise et l'égoïsme augmenteront ses forces spirituelles. Sa communion quotidienne avec Dieu le fortifiera dans la connaissance des Ecritures. Il vivra ainsi dans l'intimité du Père et du Fils et, toujours soumis à la volonté divine, il deviendra de jour en jour plus qualifié pour ramener les âmes égarées dans les voies du Seigneur.