"Nous sommes ouvriers avec Dieu. Vous êtes le champ que Dieu cultive, l'édifice de Dieu." 1 Corinthiens 3:9.
Travailler pour le Seigneur n'est pas une affaire sans importance et que l'on peut considérer à la légère. C'est une vocation qui doit donner à toute une vie sa forme et sa couleur. Celui qui se consacre à une oeuvre aussi sainte doit rassembler toutes ses énergies. Il doit viser haut, car il n'atteindrait jamais un but plus élevé que celui qu'il se serait proposé. Il ne peut pas répandre une lumière qu'il n'a pas d'abord reçue. Il lui faut se mettre à l'étude avant d'avoir une sagesse et une expérience suffisantes pour enseigner, pour être capable d'amener à la lumière des Ecritures ceux qui vivent dans les ténèbres. Si Dieu a appelé des hommes à collaborer avec lui, il est tout aussi certain qu'il les a appelés à se préparer de leur mieux à exposer les vérités sacrées contenues dans sa Parole.
Ceux qui désirent se donner à l'oeuvre de Dieu devraient recevoir une instruction et un entraînement préalables. Ils se mettront ainsi au travail intelligemment. Ils ne se sentiront pas capables d'occuper dès l'abord les places les plus élevées, car tous ceux qui veulent réussir doivent commencer au premier échelon et monter degré par degré. On leur accordera l'occasion, le privilège de se perfectionner et il faut qu'ils emploient toutes leurs forces à apprendre à faire l'oeuvre du Seigneur d'une manière satisfaisante.
Partout où nos évangélistes travaillent, en Europe ou en Amérique, ils devraient chercher à susciter chez les jeunes le désir de se préparer à un service actif dans la grande armée de Dieu. Tous ceux qui prétendent être des serviteurs du Christ ont quelque chose à faire pour lui. Le nom même de serviteur implique l'idée de contrat, de travail, de responsabilité. A chacun, Dieu a confié des talents qui doivent être employés à son service. A chacun, il a réservé une tâche et il veut que toutes nos facultés s'exercent pour sa gloire.
L'Instruction militaire
En face de notre imprimerie de Bâle (Suisse), s'étendait un vaste terrain militaire. Là, jour après jour, à certaines époques de l'année, les soldats s'entraînaient au maniement des armes afin d'être prêts en cas de guerre à répondre à l'appel de la patrie.
Un jour, on apporta une tente magnifique. Il fallut apprendre à la monter, puis à la démonter convenablement et chaque homme reçut une tâche bien déterminée. On s'entraîna longtemps à ces manipulations.
Cependant, une autre unité manoeuvrait avec de petits canons: les officiers enseignaient à les déplacer rapidement d'un endroit à l'autre, à les séparer du caisson et à les mettre en batterie, puis à les atteler à l'avant-train pour repartir à nouveau.
Ailleurs, c'étaient des ambulances. Les troupes sanitaires apprenaient à prendre soin des blessés. On étendait des hommes sur des brancards, on les pansait sommairement comme si l'on eût été sur le champ de bataille. Ensuite, on les conduisait aux ambulances qui les emmenaient vers l'arrière.
Pendant des heures, les soldats s'entraînaient à mettre "sac à terre", puis "sac au dos", à manier leurs armes, à charger un ennemi imaginaire, bref à toutes sortes de manoeuvres.
Ainsi, les hommes se préparaient à toute éventualité. Ceux qui s'apprêtent à combattre dans l'armée du Prince Emmanuel devraient-ils montrer moins d'ardeur, prendre moins de peine lorsqu'il s'agit d'un entraînement analogue sur le plan spirituel? Au contraire, ils doivent apprendre à obéir avant d'être prêts à commander.
Facilitons l'entrainement
Il y a des progrès à faire en matière de préparation. Dans toutes nos Fédérations d'églises, des plans adéquats devraient être dressés pour que ceux qui désirent se consacrer à l'oeuvre du Seigneur puissent être instruits en conséquence. Nos établissements missionnaires1, dans les villes, fournissent des occasions favorables pour s'entraîner au travail. Mais cela n'est pas suffisant et des contacts devraient s'établir avec nos écoles pour que soient formés des ouvriers qui travailleront dans leur pays et à l'étranger. Il faudrait que, dans nos grandes églises, on organise des classes spéciales qui rendraient les jeunes gens aptes à travailler pour le Seigneur. Nos pasteurs devraient également accorder une plus grande attention au développement de leurs jeunes collaborateurs dans le ministère.
Quand une campagne d'évangélisation est commencée dans une ville importante, que les responsables prennent garde à l'instruction et à l'entraînement de ceux qui coopéreront avec eux. Il faut des colporteurs, des lecteurs bibliques, afin que les efforts conjugués des uns et des autres familiarisent les esprits avec les vérités enseignées dans les conférences où la Parole de Dieu est exposée.
Ceux qui entreprennent d'importantes campagnes d'évangélisation sous la tente commettent souvent une grave erreur en passant tout leur temps à sermonner leur auditoire. Ils devraient prêcher moins et enseigner davantage, -- enseigner la foule, mais aussi enseigner à leurs jeunes collaborateurs quelles sont les méthodes qui mènent au succès. Les pasteurs feraient un travail efficace s'ils apprenaient à d'autres comment on étudie la Bible et s'ils veillaient à la formation des futurs ouvriers de la cause de Dieu. Ils devraient être prêts à conseiller et à instruire les nouveaux convertis qui semblent avoir les capacités nécessaires pour se mettre à leur tour à la disposition du Maître...
Tous auraient d'ailleurs plus de succès dans leurs travaux s'ils donnaient plus de temps à la prière. La communication entre Dieu et l'âme doit être constamment établie afin que l'on puisse prendre les ordres du Chef. La Bible doit être étudiée assidûment. La vérité de Dieu, comme l'or, n'affleure pas toujours; elle ne se trouve que par la recherche sérieuse et par l'étude. Cette étude ne meublera pas seulement l'esprit des connaissances les plus valables qui soient mais elle fortifiera, elle épanouira les facultés intellectuelles et donnera une juste estimation des valeurs éternelles. Que les préceptes divins pénètrent dans la vie de tous les jours, que l'existence soit modelée sur le grand idéal de la justice de Dieu, et le caractère tout entier sera affermi et ennobli.
Celui qui cherche à se qualifier pour l'oeuvre de Dieu devrait bien prendre soin de ne pas se placer sur le terrain de l'ennemi, mais choisir des compagnons qui l'aideraient à entrer plus avant dans la connaissance de Dieu. Le Seigneur a permis que Jean, le disciple bien-aimé, fût exilé à Patmos, où il vécut à l'écart du tumulte et des luttes de la vie, coupé de toute influence extérieure et même de l'oeuvre qu'il aimait. Mais alors Dieu put s'entretenir avec lui, et lui dévoiler les scènes futures de l'histoire du monde. Jean-Baptiste aussi avait fait du désert sa demeure, et il reçut le message qu'il devait communiquer à ses contemporains, -- le message destiné à ouvrir le chemin du Seigneur.
Autant qu'il est possible, nous devrions échapper à toute influence qui tende à détourner nos esprits de l'oeuvre de Dieu. Tout particulièrement ceux qui sont jeunes dans la foi et inexpérimentés prendront garde qu'une trop grande confiance en soi ne les place sur le chemin de la tentation.
Mais ceux qui auront bien compris quelles sont les conditions essentielles du succès, sentiront qu'il est nécessaire de ne pas faire un pas sans Jésus, et que la formation de leur esprit et de leur caractère est un devoir qu'ils ont envers eux-mêmes comme envers Dieu.
La propre-suffisance
Certaines personnes se voient déjà engagées dans l'oeuvre missionnaire et pensent qu'elles sont si qualifiées qu'elles n'ont pas besoin d'une sérieuse préparation. Leur attitude prouve justement le contraire. Dès qu'elles sont plus instruites de la vérité et de l'importance de l'oeuvre missionnaire, elles se rendent compte de leur ignorance et de leur incapacité. En s'examinant soigneusement elles-mêmes, elles se verront si loin de la pureté du Christ, qu'elles s'écrieront: "Qui est suffisant pour ces choses?" 2 Corinthiens 2:16. Alors, avec une humilité profonde, elles s'efforceront chaque jour d'entrer dans la communion intime du Sauveur. En combattant victorieusement leurs inclinations égoïstes, elles s'engageront sur les traces du Christ. "La révélation de tes paroles éclaire, elle donne de l'intelligence aux simples", dit le psalmiste. Psaumes 119:130. Mais ceux qui ont en haute estime leurs talents et leurs connaissances, sont si pleins d'eux-mêmes que la Parole de Dieu ne peut trouver son chemin dans leurs coeurs et les éclairer.
Beaucoup de gens se sentent aptes à entreprendre un travail dont ils ignorent pourtant à peu près tout. Et s'ils débutent avec ce sentiment de suffisance, ils ne pourront acquérir la connaissance qui ne s'obtient qu'à l'école du Christ. Ils seront la proie de difficultés qu'ils ne sont pas du tout préparés à affronter. Ils manqueront toujours d'expérience et de sagesse, jusqu'à ce qu'ils se rendent enfin compte de ce qui rend leurs efforts inefficaces.
L'oeuvre de Dieu a subi de réels préjudices par le fait d'hommes capables, mais insuffisamment préparés. Ils se sont mis au travail sans trop savoir comment s'y prendre, et les résultats ont été maigres. Ils n'ont pas accompli le dixième de ce qu'ils auraient pu faire si, au départ, ils avaient reçu une bonne formation. Mais, après s'être emparés de quelques idées, et avoir composé quelques discours qu'ils répètent sans cesse, ils n'ont pas été plus loin. Ils se sont crus compétents pour enseigner, alors qu'ils connaissaient à peine l'a b c de la vérité. Ils sont allés en bronchant jusqu'à maintenant, ne comprenant ni leurs lacunes ni les exigences du ministère. On dirait qu'ils ne sont pas suffisamment intéressés à ce qu'ils font pour réveiller leurs énergies dormantes, ou pour mettre à contribution leurs facultés afin que leurs travaux soient couronnés de succès. Au contraire, ils ne prennent aucune peine pour établir des projets sérieusement étudiés, et ils accumulent les déficits.
Certains prédicateurs se sont découragés et ont pris un autre emploi. S'ils s'étaient placés humblement au bas de l'échelle, montant ensuite degré par degré, avec une persévérante énergie, profitant des occasions qui s'offraient, ils auraient pu devenir des ouvriers capables, utiles, donner la preuve de leur vocation. Le Maître n'aurait pas eu à rougir d'eux.
Si ceux qui se proposent de travailler au salut des âmes comptent sur leur sagesse limitée, ils échoueront certainement. Si, au contraire, ils se considèrent à leur juste valeur et se reposent entièrement sur les promesses divines, le Seigneur ne leur fera jamais défaut. "Confie-toi en l'Eternel de tout ton coeur, et ne t'appuie pas sur ta sagesse; reconnais-le dans toutes tes voies, et il aplanira tes sentiers." Proverbes 3:5, 6. Nous avons le privilège d'être dirigés par l'infinie Sagesse.
D'humbles humains, Dieu peut faire des serviteurs puissants. Ceux qui obéissent à l'appel du devoir, et tirent tout le parti possible de leurs aptitudes, peuvent être sûrs de recevoir l'assistance d'en haut. Des anges, messagers de lumière, viendront aider ceux qui font toute leur part et qui se confient ensuite en Dieu pour qu'il les soutienne dans leurs efforts.
Il faut que tous ceux qui veulent devenir ouvriers avec Dieu comprennent bien qu'ils doivent rendre évidente leur conversion. Un jeune homme qui n'a pas un caractère solide, vertueux, ne fera pas honneur à la vérité. Chaque prédicateur doit avoir un coeur pur; dans sa bouche, il ne sera pas trouvé de fraude. Il se souviendra que pour réussir il faut qu'il ait le Christ à ses côtés, et que chaque péché, même secret, est connu du Maître à qui nous avons affaire.
Le péché a terni en l'homme l'image de Dieu. Grâce au Christ, elle peut être restaurée, mais c'est seulement par la prière fervente et la conquête de soi que l'homme pourra devenir participant de la nature divine...
Les véritables ouvriers de la vigne du Seigneur seront des hommes de prière, de foi, d'abnégation, des hommes qui tiennent en respect leurs appétits et leurs passions. Leurs vies rendront évidente la puissance de la vérité qu'ils font connaître aux autres, et leurs travaux ne resteront pas sans effet.
Le ministre de l'Evangile devrait être préparé à déployer toutes les énergies mentales et morales dont la nature, l'éducation et la grâce de Dieu l'ont doté; mais le succès sera proportionné au degré de consécration et de renoncement qu'il aura montré dans son travail, plus encore qu'il ne sera dû à ses dons naturels ou acquis. Les efforts les plus sérieux et les plus soutenus pour être qualifié et utile sont nécessaires; mais si Dieu ne travaille pas avec l'homme, rien ne peut être accompli. Le Christ dit: "Sans moi, vous ne pouvez rien faire." Jean 15:16. La grâce divine est le grand élément de puissance pour sauver des âmes; sans elle, tous les efforts de l'homme sont vains. -- Testimonies for the Church 5:583.