Pour réussir comme ministre de Dieu, il faut avoir plus qu'une connaissance livresque. Le travail en faveur des âmes nécessite de la consécration, de l'intégrité, de l'intelligence, de l'application, de l'énergie et du tact. Si l'on possède ces qualités, on ne sera jamais inférieur à sa tâche; au contraire on exercera pour le bien une influence déterminante.
Le Christ mit tous ses désirs en harmonie avec les exigences de sa mission, -- une mission qui portait la marque du ciel. Il subordonna tout à l'oeuvre qu'il était venu accomplir dans ce monde. Lorsqu'il était tout jeune, sa mère le trouva à l'école des rabbins et lui dit: "Mon enfant, pourquoi as-tu agi de la sorte avec nous? Voici, ton père et moi, nous te cherchions avec angoisse." Il répondit, -- et sa réponse est la note dominante de l'oeuvre de sa vie -- : "Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu'il faut que je m'occupe des affaires de mon père?" Luc 2:48, 49.
Le même zèle, la même consécration, la même sujétion aux exigences de la Parole de Dieu, doivent être manifestés chez les serviteurs du Christ comme ils l'étaient en lui. Il abandonna la sécurité et la paix de la demeure céleste, la gloire qu'il avait auprès du Père dès avant la fondation du monde, le trône d'où il régnait sur l'univers, et il devint un homme soumis à la souffrance, sujet à la tentation. Il s'en alla dans la solitude, semant avec larmes, arrosant de son sang la semence qui donnerait la vie à un monde perdu.
De la même manière, ses serviteurs doivent sortir pour semer. Lorsqu'il fut appelé à devenir un semeur de vérité, Abraham reçut l'ordre suivant: "Va-t'en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai." Genèse 12:1. "Et il partit sans savoir où il allait" (Hébreux 11:8), pour être le porte-flambeau de Dieu sur la terre. Il délaissa son pays, sa maison, ses parents et tout ce qu'il avait coutume de voir avec plaisir autour de lui, et il devint un pèlerin et un étranger.
De même l'apôtre Paul, priant dans le temple de Jérusalem, entendit ce message: "Va, je t'enverrai au loin vers les nations." Actes 22:21. Ainsi, ceux qui sont appelés à collaborer avec le Christ devront tout quitter pour le suivre. Les liens anciens doivent être brisés, les plans que l'on avait faits délaissés, les espoirs terrestres abandonnés. Dans la peine et les larmes, dans la solitude et le renoncement, il faut semer.
Ceux qui se consacrent à Dieu, corps, âme et esprit, recevront constamment de nouvelles forces physiques, intellectuelles et spirituelles. Les inépuisables réserves du ciel sont à Ieur disposition. Ils reçoivent le souffle de l'Esprit du Christ, ils vivent de sa vie. Le Saint-Esprit travaille avec puissance dans leur coeur et leur intelligence. La grâce de Dieu développe et multiplie leurs facultés, et toutes les perfections de la nature divine viennent les assister alors qu'ils travaillent au salut des âmes. En coopérant avec le Christ, ses serviteurs sont rendus parfaits en lui et, dans leur humaine faiblesse, ils sont capables d'accomplir les actes de la Toute-Puissance.
Le Rédempteur n'acceptera pas un service partagé. Journellement, le ministre de Dieu doit apprendre le sens du véritable renoncement. Il faut qu'il étudie la Parole de Dieu, qu'il la comprenne et qu'il obéisse à ses préceptes. Ainsi, il pourra atteindre l'idéal de la perfection chrétienne. Jour après jour, Dieu travaillera avec lui, parachevant le caractère qui devra soutenir l'épreuve finale. Et jour après jour, le croyant fera, sous les yeux des hommes et des anges, une sublime expérience, montrant ce que l'Evangile peut faire pour des êtres déchus.
Quand le Christ appela ses disciples à le suivre, il ne leur fit pas espérer d'avantageuses positions ici-bas. Il ne leur promit pas des bénéfices ou des honneurs terrestres, et ils ne firent eux-mêmes aucune allusion à ce qu'ils pourraient recevoir. A Matthieu, assis au bureau des péages, le Sauveur dit: "Suis-moi. Cet homme se leva et le suivit." Matthieu 9:9. Matthieu, avant de se mettre au service du Maître, n'attendit pas qu'un salaire lui fût fixé qui pût égaler ce que lui rapportait son occupation précédente. Sans une question, sans une hésitation, il suivit Jésus. Etre avec le Sauveur, entendre ses paroles et s'associer à son oeuvre, cela lui suffisait.
Il en avait été de même avec les disciples précédemment appelés. Lorsque Jésus donna à Pierre et à ses compagnons l'ordre de le suivre, ils quittèrent immédiatement bateaux et filets. Certains disciples avaient des amis qui avaient besoin de leur aide; mais quand ils reçurent l'invitation du Sauveur, ils n'hésitèrent pas et ne demandèrent pas: "Comment subsisterons-nous, nous et nos familles?" Ils obéirent à l'appel et lorsque Jésus, plus tard, leur demanda: "Quand je vous ai envoyés sans bourse, sans sac, et sans souliers, avez-vous manqué de quelque chose?" Ils purent répondre: "De rien." Luc 22:35.
Aujourd'hui, le Seigneur nous appelle comme il appela Matthieu, Jean et Pierre. Si son amour a touché nos coeurs, la question d'une compensation ne nous viendra même pas à l'esprit. Nous nous réjouirons d'être ouvriers avec le Christ, et nous ne craindrons pas d'avoir confiance en sa sollicitude. Si Dieu est notre force, nous percevrons clairement notre devoir et nos aspirations seront dépourvues d'égoïsme. Notre vie sera animée par un noble idéal qui nous élèvera au-dessus des motifs sordides.
Beaucoup de ceux que le Seigneur pourrait employer n'écoutent pas assez sa voix et ne lui obéissent pas avant tout. Des parents et des amis, des habitudes et des liens anciens les retiennent si fortement que Dieu peut à peine les instruire et leur communiquer une connaissance de ses plans. Le Seigneur ferait beaucoup plus pour ses serviteurs s'ils se consacraient entièrement à lui, plaçant son service au-dessus de tous les liens de parenté et de toutes les associations terrestres.
Necessite d'une consecration plus profonde
Notre époque exige une efficacité plus grande et une consécration plus profonde. Je crie au Seigneur: Suscite et envoie des messagers pénétrés du sentiment de leur responsabilité, des hommes dans le coeur desquels l'idole du moi a été crucifiée, -- car c'est elle qui est à l'origine de tout péché; des hommes disposés à se consacrer sans réserve au service de Dieu et qui sentent le caractère sacré de leur tâche; des hommes qui sont décidés à ne pas apporter à Dieu une offrande imparfaite qui ne leur coûterait ni effort ni prière.
Le duc de Wellington était un jour présent à une réunion de chrétiens qui discutaient des possibilités de succès d'une oeuvre missionnaire entreprise parmi les païens. Ils en appelèrent au duc pour savoir s'il pensait que ces efforts auraient un succès en rapport avec ce qu'ils coûtaient. Le vieux soldat répondit:
"Messieurs, quel est votre ordre de marche? La question n'est pas de savoir si vous réussirez. Si je lis bien, l'ordre qui vous a été donné est celui-ci: 'Allez dans le monde entier et prêchez l'Evangile à toute créature'. Messieurs, il ne vous reste qu'à obéir."
Mes frères, le Seigneur vient et il nous faut mettre toute notre énergie à accomplir la mission qui nous a été confiée. J'en appelle à vous afin que vous vous consacriez entièrement à la tâche. Le Christ a donné son temps, son âme, sa force pour travailler au profit de l'humanité et lui être en bénédiction. Le travail occupait ses journées entières, puis il passait la nuit à prier afin d'avoir la force nécessaire pour combattre l'adversaire et pour aider ceux qui venaient à lui chercher le secours. De même qu'une ligne de verdure indique le passage d'un courant d'eau, de même le Christ peut se reconnaître par les actes de miséricorde dont il a marqué sa route à chaque pas. Partout où il allait, la santé refleurissait et le bonheur était sur ses traces. Il disait les paroles de la vie avec tant de simplicité qu'un enfant pouvait les comprendre. Son esprit de service gagnait la jeunesse qui cherchait à l'imiter en venant en aide aux nécessiteux. Les aveugles et les sourds se réjouissaient de sa présence. Les paroles qu'il disait aux ignorants et aux pécheurs ouvraient pour eux la source de la vie. Sans interruption, il dispensait ses bénédictions avec abondance. Elles étaient les richesses accumulées de l'éternité présentes dans le Christ, don du Père à l'humanité.
Les serviteurs de Dieu devraient comprendre qu'ils ne s'appartiennent pas, comme si le sceau de leur Maître était placé visiblement sur leur personne. Ils devraient être marqués par le sang du sacrifice de Jésus et, dans un esprit d'entière consécration, il faudrait qu'ils se décident à être eux-mêmes, par la grâce du Christ, un sacrifice vivant. Mais combien peu d'entre nous considèrent le salut des pécheurs de la même manière que les habitants du ciel, c'est-à-dire comme un plan établi de toute éternité dans la pensée de Dieu! Combien peu d'entre nous sont coeur à coeur avec leur Rédempteur dans cette oeuvre solennelle! C'est à peine si nous avons le dixième de la compassion que nous devrions avoir pour les âmes perdues. Il y en a tant à avertir encore et cependant combien peu de chrétiens ont le même amour que Dieu pour l'humanité, au point d'accepter de n'être rien pourvu qu'ils puissent voir des âmes amenées à Jésus!
Quand Elie était sur le point de quitter Elisée, il lui dit: "Demande ce que tu veux que je fasse pour toi, avant que je sois enlevé d'avec toi." Elisée répondit: "Qu'il y ait sur moi, je te prie, une double portion de ton esprit!" 2 Rois 2:9. Elisée ne demanda pas les honneurs de ce monde, une place parmi les grands hommes de la terre. Non, ce qu'il implorait, c'était une grande mesure de l'esprit de celui que Dieu allait honorer en l'enlevant au ciel. Il savait que rien d'autre ne le rendrait apte à la tâche qui lui serait confiée.
Ministres de l'Evangile, si cette question vous avait été posée, qu'auriez-vous répondu? Quel est le plus grand désir de votre coeur, alors que vous vous engagez au service de Dieu?