Dans l'oeuvre du salut, il faut beaucoup de tact et de sagesse. Le Sauveur n'a jamais dissimulé la vérité, mais il l'a toujours dite avec amour. Dans ses rapports avec autrui, il faisait preuve du plus grand tact et il était toujours bon et plein de sollicitude. Jamais rude, ce n'était pas sans nécessité qu'il disait une parole sévère, et il ne faisait jamais inutilement de la peine à une âme sensible. Il ne condamnait pas la faiblesse humaine. S'il dénonçait sans peur l'hypocrisie, l'incrédulité, l'iniquité, il avait des larmes dans la voix tandis qu'il faisait ces graves reproches. Il ne disait jamais la vérité cruellement, mais manifestait toujours une profonde tendresse pour l'humanité. Chaque âme était précieuse à ses yeux. Il portait sur lui la majesté divine, mais il se penchait avec compassion et respect sur chaque membre de la famille de Dieu. Il voyait dans tout homme une âme qu'il avait mission de sauver.
La prudence de Paul
Le prédicateur ne doit pas penser que toute la vérité doit être dite aux incroyants à n'importe quelle occasion. Il faut rechercher avec soin le moment favorable pour dire seulement ce qui doit être dit, en laissant le reste de côté. Ce n'est pas un manque de franchise; c'est ainsi que Paul travaillait. En effet, il écrivait aux Corinthiens: "Bien que je sois libre à l'égard de tous, je me suis rendu le serviteur de tous, afin de gagner le plus grand nombre. Avec les Juifs, j'ai été comme Juif, afin de gagner les Juifs; avec ceux qui sont sous la loi, comme sous la loi (quoique je ne sois pas moi-même sous la loi), afin de gagner ceux qui sont sous la loi; avec ceux qui sont sans la loi, comme sans loi (quoique je ne sois point sans la loi de Dieu, étant sous la loi de Christ), afin de gagner ceux qui sont sans loi. J'ai été faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d'en sauver de toute manière quelques-uns." 1 Corinthiens 9:19-22.
Paul n'approchait pas les Juifs de manière à éveiller leurs préjugés. Il ne leur disait pas au premier abord qu'ils devaient croire en Jésus de Nazareth, mais il s'étendait sur les prophéties qui parlaient du Christ et de sa mission. Pas à pas, il entraînait ses auditeurs, montrant combien il est important d'honorer la loi de Dieu. Il rendait hommage en passant à la loi cérémonielle, car, disait-il, c'est le Christ qui a institué l'économie juive et les sacrifices. Puis il les amenait à la première venue du Rédempteur et leur montrait enfin que dans la vie et la mort de Jésus chaque détail de la loi cérémonielle était accompli.
Devant les païens, Paul exaltait le Christ et présentait ensuite les exigences de la loi. Il montrait combien la lumière issue de la croix du Calvaire donnait de sens et apportait de gloire à toute l'économie juive.
Ainsi l'apôtre variait ses méthodes, adaptant son message aux circonstances. Après avoir travaillé patiemment, il réussissait dans une large mesure. Cependant, beaucoup de ses auditeurs n'étaient pas convaincus. Il y a aussi des gens aujourd'hui qui ne seront pas convaincus, quelles que soient les méthodes employées pour leur présenter la vérité. Mais c'est l'oeuvre du prédicateur d'étudier les meilleurs procédés, de manière à ne pas heurter les préjugés ni susciter la combativité. C'est ce que beaucoup n'ont pas fait. En suivant les inclinations de leur nature, ils ont fermé les portes par lesquelles ils auraient trouvé l'accès des coeurs en employant d'autres méthodes.
Les ouvriers du Seigneur doivent avoir plusieurs cordes à leur arc; ils doivent faire preuve de largeur d'esprit. Il ne faut pas qu'ils soient les hommes d'une seule idée, avec des méthodes de travail stéréotypées, incapables de voir que leur plaidoirie en faveur de la vérité doit varier suivant les circonstances et le genre de personnes à qui ils ont affaire.
C'est une tâche difficile pour le ministre de l'Evangile que d'avoir à affronter l'animosité, l'amertume, l'opposition. Plus que d'autres, il a besoin de cette sagesse qui "est premièrement pure, ensuite pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits, exempte de duplicité, d'hypocrisie". Jacques 3:17. Comme la rosée et les calmes ondées se déversent sans brutalité sur les plantes languissantes, ainsi doit-il en être de ses paroles lorsqu'il proclame la vérité. Il est là pour gagner des âmes et non pour les repousser. S'il se trouve en présence d'un cas sans précédent, qu'il agisse avec le plus grand tact.
Beaucoup d'âmes ont été engagées sur de mauvais chemins et ainsi perdues pour la cause de Dieu par un manque de savoir-faire et de sagesse de la part du prédicateur. Le tact et la sûreté de jugement multiplient l'efficacité d'un ouvrier. S'il dit ce qu'il faut dire au moment opportun, dans un bon esprit, il exercera une influence bienfaisante sur le coeur de celui qu'il essaie de secourir.
Territoires nouveaux
Lorsque vous commencez à travailler là où personne ne l'a encore fait, ne pensez pas qu'il est de votre devoir de dire aussitôt aux gens: Nous sommes des Adventistes du Septième Jour; nous pensons que le septième jour est le sabbat; nous croyons que l'âme n'est pas immortelle. Le résultat serait, la plupart du temps, d'élever une formidable barrière entre vous et ceux que vous voulez atteindre. Parlez-leur, lorsque l'occasion se présente, des points de doctrine sur lesquels vous pouvez tomber d'accord. Prouvez-leur que vous êtes chrétiens, désirant la paix et les aimant. Montrez-leur que vous êtes consciencieux. Ainsi, vous gagnerez leur confiance et le moment viendra de parler des doctrines qui vous séparent. Gagnez les coeurs, préparez le terrain, puis semez la semence, présentant avec amour la vérité telle qu'elle est en Jésus.
Dieu viendra au secours de ceux qui cherchent en lui la sagesse. Ce n'est pas qu'il nous faille attendre que les occasions viennent à nous. C'est à nous de les provoquer et d'être prêts à donner les raisons de notre espérance. Si le serviteur de Dieu élève sans cesse son coeur à Dieu par la prière, le Seigneur l'aidera à dire ce qu'il faut en temps opportun.
En cherchant à corriger ou à réformer les autres, nous devrions être attentifs à nos paroles. Elles peuvent être une odeur de vie, donnant la vie, ou une odeur de mort, donnant la mort. Lorsqu'ils ont des reproches à faire ou des conseils à donner, beaucoup de prédicateurs parlent sévèrement, durement et prononcent des mots qui n'apportent pas la guérison aux âmes blessées. Par ces expressions maladroites, l'esprit est irrité et souvent ceux à qui l'on s'adressait sont poussés à la révolte.
Tous ceux qui plaident la cause de la vérité doivent recevoir l'huile céleste de l'amour, car c'est avec amour que les reproches doivent toujours être faits. Alors, vos paroles redresseront au lieu d'exaspérer. Le Christ, par son Saint-Esprit, donnera la puissance. Car c'est son oeuvre.