On a souvent fait la remarque que, dans leurs discours, nos prédicateurs insistaient beaucoup sur la loi et non sur la grâce. Ce jugement n'est pas absolument exact, mais n'a-t-on pas eu quelque raison de le formuler? N'y a-t-il pas eu dans la chaire des hommes qui n'avaient pas une expérience authentique des choses de Dieu, qui n'avaient pas reçu la justice du Christ? Beaucoup de nos prédicateurs ont simplement discouru et argumenté, mais ils ont rarement fait allusion à la puissance salvatrice du Rédempteur. Leur témoignage, auquel manquait le sang rédempteur, ressemblait à l'offrande de Caïn. Celui-ci apporta au Seigneur les fruits de la terre, ce qui en soi était acceptable aux yeux de Dieu. Les fruits étaient très bons, mais la vertu de l'offrande, -- le sang de l'agneau immolé, représentant celui du Christ, -- faisait défaut. Ainsi en est-il des sermons où l'on ne prêche pas le Christ. Le coeur des hommes n'en est pas saisi; on n'est pas amené à se demander: que dois-je faire pour être sauvé?
De tous les chrétiens, les Adventistes du Septième Jour devraient être les premiers à prêcher le Christ au monde. La proclamation du message du troisième ange exige que l'on parle du sabbat. Il faut proclamer cette vérité ainsi que les autres qui sont contenues dans le message adventiste. Mais le grand centre d'attraction, le Christ Jésus, ne doit pas être oublié. C'est à la croix du Christ que la miséricorde et la vérité se rencontrent, que la justice et la paix s'embrassent. Voir Psaumes 85:11. Le pécheur doit être invité à regarder au calvaire; avec la foi simple d'un petit enfant, il doit se confier dans les mérites du Sauveur, accepter sa justice, croire à son pardon.
Amour de Dieu
A travers l'amour de Dieu, les trésors de la grâce du Christ ont été déployés devant l'Eglise et le monde. "Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle." Jean 3:16. Quel merveilleux, quel insondable amour que celui qui a conduit le Christ à mourir pour nous alors que nous étions encore pécheurs! Et quelle perte pour l'âme qui, comprenant les fortes exigences de la loi, ne reconnaît pas que là où le péché abonde, la grâce du Christ surabonde!
Lorsqu'on parle convenablement de la loi, elle révèle l'amour de Dieu. Mais il n'est pas étonnant que les coeurs ne soient pas touchés par la vérité lorsqu'elle est exposée d'une manière froide, sans vie. On ne peut être surpris que la foi hésite à saisir les promesses de Dieu, lorsque les prédicateurs ne montrent pas quelles relations existent entre la loi et la grâce.
Certains ouvriers de la cause du Seigneur ont été trop prompts à jeter la pierre aux pécheurs. L'amour du Père qui donne son Fils pour l'humanité, a été laissé à l'arrière-plan. Celui qui enseigne la vérité doit faire connaître au pécheur ce que Dieu est réellement, -- un Père qui attend avec un ardent amour le repentir du fils prodigue, non pour lui lancer à la tête de rageuses accusations, mais pour l'accueillir par un festin de bienvenue. Oh! si nous pouvions tous apprendre la façon dont le Seigneur gagnait les âmes!
Dieu veut amener les âmes d'une conviction logique à une conviction plus profonde et plus haute à la fois, plus pure et plus glorieuse. Souvent la logique humaine a presque éteint la lumière dont Dieu aurait voulu faire briller les clairs rayons pour convaincre les hommes que le Maître de la nature est digne de louanges et de gloire, parce qu'il est le créateur de toutes choses.
Certains prédicateurs se trompent en argumentant beaucoup trop dans leurs discours. Ceux qui écoutent la théorie de la vérité en sont impressionnés; alors, si le Christ est présenté comme le Sauveur du monde, la semence peut lever et porter des fruits à la gloire de Dieu. Mais souvent on ne parle pas de la croix du Calvaire. Certaines personnes écoutent peut-être leur dernier sermon et l'occasion est perdue, perdue pour toujours. Si, en rapport avec la théorie de la vérité, le Christ et son amour rédempteur avaient été proclamés, ces âmes aussi auraient pu lui être gagnées.
Vers Jésus
Beaucoup plus de personnes que nous ne pensons désirent trouver le chemin qui mène au Christ. Ceux qui prêchent le dernier message de miséricorde ne devraient pas perdre de vue que Jésus doit être présenté comme le refuge du pécheur. Certains prédicateurs pensent qu'il n'est pas nécessaire de prêcher la repentance et la foi; ils considèrent comme acquis que leurs auditeurs sont des familiers de l'Evangile et qu'il faut leur présenter d'autres sujets pour retenir leur attention. Mais beaucoup de gens sont d'une ignorance attristante en ce qui concerne le plan du salut; sur ce sujet d'une importance primordiale, ils ont besoin de plus d'instruction que sur tout autre.
Les discours théoriques sont importants. Il faut que les gens puissent voir comment les vérités s'enchaînent, maillon par maillon, jusqu'à faire un ensemble harmonieux. Mais on ne devrait jamais prêcher sans présenter le Christ, et le Christ crucifié, comme le fondement de l'Evangile. Les prédicateurs atteindraient plus facilement les coeurs s'ils insistaient davantage sur la piété pratique. Fréquemment, lorsqu'on s'efforce de prêcher la vérité biblique dans de nouveaux territoires, on parle beaucoup de théorie. Les auditeurs sont troublés par ce qu'ils entendent. Beaucoup voient la force de la vérité et sont désireux de placer leurs pieds sur un fondement sûr. C'est alors le moment entre tous de faire comprendre combien il est nécessaire que la religion du Christ pénètre dans les coeurs. Si les réunions se terminent sans cette oeuvre pratique, c'est une grande perte.
Souvent, les hommes et les femmes se décident en faveur de la vérité parce qu'ils sentent l'évidence peser sur eux, mais ils ne sont pas convertis. Le travail du prédicateur n'est pas achevé avant qu'il ait fait sentir à ses auditeurs la nécessité que leurs coeurs soient changés. Dans chaque conférence, on devrait faire de fervents appels pour amener les gens à délaisser leurs péchés et à se tourner vers le Christ. Les péchés et les plaisirs de notre temps devraient être condamnés et une piété pratique encouragée. Sentant dans son coeur l'importance des mots qu'il prononce, le vrai ministre de l'Evangile ne peut s'empêcher d'être préoccupé par le souci des âmes pour lesquelles il travaille.
Oh! puissé-je trouver des mots suffisamment forts pour produire l'impression que je souhaite produire sur mes compagnons de travail! Mes frères, vous avez à prononcer les paroles de la vie. Vous avez à vous occuper des esprits, et ils sont capables de se développer considérablement. Le Christ crucifié, le Christ ressuscité, le Christ monté au ciel, le Christ revenant bientôt, voilà ce qui devrait attendrir, réjouir, remplir l'esprit du prédicateur qui expose avec amour et ferveur les vérités évangéliques à ses auditeurs. Alors, on le perdra lui-même de vue, on ne verra plus que Jésus.
Parlez de Jésus, vous qui enseignez le peuple, parlezen dans chaque sermon, chaque cantique, chaque prière. De toutes vos forces, amenez les âmes confuses, égarées, perdues, à l'Agneau de Dieu. Parlez du Sauveur ressuscité et dites à tous ceux qui vous entendent: Venez à celui qui "nous a aimés, et qui s'est livré lui-même ... pour nous". Ephésiens 5:2. Que le salut soit le thème de chaque sermon, de chaque cantique. Qu'il en soit question dans chaque prédication. Ne mettez rien dans votre prédication qui vienne s'ajouter au Christ, sagesse et puissance de Dieu. Prêchez la parole de vie, en montrant que Jésus est l'espoir de celui qui se repent et la forteresse du croyant. Révélez le chemin de la paix aux âmes troublées et désespérées, et exaltez la grâce et la perfection du Sauveur.
Il n'y a qu'un chemin qui conduise des ténèbres à la lumière qui illumine le trône de Dieu: c'est le sentier de la foi. Ce sentier n'est ni obscur ni incertain. Ce n'est pas le chemin tracé par des esprits finis, construit par des mains humaines et où chaque voyageur doit payer un droit de péage. On ne peut y entrer par les oeuvres de la pénitence.
Le chemin préparé par la Providence divine est si parfait, que l'homme ne peut, par aucune oeuvre, ajouter quelque chose à sa perfection. Il est assez large pour recevoir le pécheur le plus endurci, s'il se repent sincèrement, et cependant assez étroit pour que personne ne puisse s'y engager encombré de ses péchés. C'est le sentier où doivent marcher les rachetés de l'Eternel.