La religion du Christ élève le chrétien à un niveau supérieur de pensée et d'action, tandis qu'elle lui présente toute la race humaine comme l'objet de l'amour de Dieu puisqu'il l'a acquise par le sacrifice de son Fils. Aux pieds de Jésus, le riche et le pauvre, le savant et l'ignorant se rencontrent, sans souci de caste et de prééminence mondaine. Toutes les distinctions sont oubliées lorsque nous levons les yeux sur celui dont nos péchés ont percé les mains et les pieds. Le renoncement, la condescendance, l'infinie compassion de celui qui était souverainement élevé dans le ciel couvrent de honte l'orgueil humain, la vanité et les préjugés sociaux. La religion pure et sans tache manifeste ses principes d'origine céleste en amenant à l'unité tous ceux qui sont sanctifiés par la vérité. Chaque chrétien voit en son frère une âme que le Christ a payée de son sang et ensemble ils sentent qu'ils dépendent de la même façon de celui qui les a rachetés pour Dieu.
Talents
Le Seigneur a prêté aux hommes des talents pour qu'ils les fassent fructifier. Ceux à qui il a confié la richesse doivent apporter au Maître leurs moyens financiers. Les hommes et les femmes qui ont une influence dans le monde doivent l'employer pour Dieu. Que ceux qu'il a doués de sagesse apportent également à la croix du Christ ce don et l'utilisent pour sa gloire.
Les pauvres aussi ont leur talent, et peut-être est-il plus grand que tous ceux déjà mentionnés. C'est la simplicité du caractère, l'humilité, la vertu éprouvée, la confiance en Dieu. En accomplissant leur labeur avec patience, en faisant preuve d'une entière dépendance de Dieu, ils attirent les regards de leur entourage sur Jésus, leur Sauveur. Ils ont le coeur débordant de sympathie pour leurs compagnons de misère, un foyer ouvert à tous ceux qui sont travaillés et chargés, et ils témoignent d'une manière nette et résolue de ce que Jésus est pour eux. Ils recherchent la gloire, l'honneur et l'immortalité et leur récompense sera la vie éternelle.
Fraternite humaine
Dans l'humaine fraternité, il faut toutes sortes de talents pour produire un ensemble parfait. L'Eglise du Christ est composée d'hommes et de femmes aux dons variés et appartenant à toutes les classes de la société. Dieu ne veut pas que l'orgueil des hommes détruise le plan qu'il a édifié dans sa sagesse, c'est-à-dire cette combinaison de toutes les catégories d'esprits et de tous les talents divers qui aboutissent à un tout harmonieux. Aucun aspect de la grande oeuvre de Dieu ne doit être considéré d'après le rang social de ceux qui s'en occupent. Tous n'ont pas la même fonction, mais chacun a sa part dans la diffusion de la lumière.
Il ne doit donc pas y avoir de monopole, car la tâche appartient à tous, quels que soient leur rang, leur richesse ou leur instruction. Il n'y a pas un rayon de lumière qui ne doive être apprécié à sa juste valeur. On doit permettre à tous les flambeaux de jeter leur lueur et reconnaître de bon coeur leur utilité. Que chacun puisse agir pour la vérité et la justice. Les intérêts des différentes classes de la société sont indissolublement liés. Nous sommes les maillons de la grande chaîne de l'humanité et nous ne pouvons, sans dommage, manquer de sympathie les uns à l'égard des autres. Il est impossible qu'une saine influence règne dans l'Eglise s'il n'y existe pas une sympathie et un intérêt communs.
Exclusivisme
Pour Dieu, il n'y a ni caste ni race. Toutes les âmes ont la même valeur pour lui. Travailler au salut des âmes est la tâche la plus honorable. Peu importe le genre de travail ou la classe en faveur de laquelle on se dépense. Aux yeux de Dieu, ces distinctions n'affectent pas la valeur du travail. Le coeur sincère, fervent, contrit, est seul précieux pour le Seigneur. Il met son sceau sur les hommes en jugeant non d'après le rang, la richesse ou l'intelligence, mais d'après la communion avec le Christ. Les ignorants, les hors-la-loi, les esclaves, si toutefois ils ont saisi les occasions et les bénédictions qui leur étaient offertes, s'ils ont aimé la lumière venue de Dieu, ont fait tout ce qui leur était demandé. Le monde peut les traiter d'ignorants, mais Dieu les appelle bons et sages et leurs noms sont inscrits dans les livres des cieux. Dieu leur permettra de l'honorer non seulement dans le ciel, mais aussi sur la terre.
Celui que Dieu repousse est celui qui refuse la société de ceux qui sont inscrits dans le livre de vie de l'Agneau simplement parce qu'ils ne sont pas riches, savants et honorés du monde. Le Christ, le Seigneur de gloire, se complaît en ceux qui sont doux et humbles de coeur quels que soient leur vocation, leur rang ou leur degré d'intelligence.
Preparation au service
Combien d'ouvriers du Seigneur, utiles et honorés, ont été préparés à leur tâche en accomplissant les humbles devoirs d'une position jugée insignifiante! Moïse était destiné à régner sur l'Egypte, mais Dieu ne le prit pas à la cour du roi pour lui faire faire l'oeuvre à laquelle il voulait l'appeler. C'est seulement après qu'il eut été pendant quarante ans un berger consciencieux qu'il fut envoyé pour délivrer son peuple. Gédéon fut pris sur son aire afin d'être, dans les mains de Dieu, l'instrument par lequel seraient délivrées les armées d'Israël. Elisée fut invité à quitter sa charrue pour obéir aux ordres de Dieu. Amos travaillait la terre lorsque Dieu lui confia un message.
Tous ceux qui deviennent les collaborateurs du Christ auront à faire bien des choses difficiles, peu engageantes, c'est pourquoi leur instruction devrait être sagement menée, adaptée à leurs traits de caractère et à l'oeuvre qui leur sera confiée.
Soignons la preparation de la jeunesse
Le Seigneur m'a montré souvent et de bien des façons avec quel soin nous devrions nous occuper des jeunes, car il faut beaucoup de discernement lorsqu'il s'agit de cultiver les esprits. Tous ceux qui sont chargés de l'instruction théorique et pratique de la jeunesse doivent vivre très près du Maître afin d'acquérir son esprit et sa manière de travailler. Les leçons qu'ils donneront doivent influencer le caractère et la vie tout entière.
Il faut enseigner à la jeunesse que l'Evangile du Christ ne tolère aucun esprit de caste, qu'il ne nous permet pas de porter sur autrui des jugements désobligeants qui tendraient à encourager l'orgueil. La religion de Jésus n'avilit pas et ne rend ni grossier ni rude; elle ne nous engage pas davantage à la malveillance dans nos pensées ou nos sentiments envers ceux pour lesquels le Christ est mort.
Il est dangereux d'attacher trop d'importance à l'étiquette et de passer beaucoup de temps à donner une éducation des manières, de la forme, qui ne seront pas d'une grande utilité pour beaucoup de jeunes gens. Certaines personnes sont exposées au danger d'accorder trop d'importance aux manifestations extérieures et de surestimer la valeur des conventions mondaines. Tout cela ne vaut pas le temps et l'application qu'on y met. Ceux qui ont été ainsi éduqués à donner beaucoup d'attention à ces choses montrent en réalité peu de véritable respect et de sympathie pour celles qui en valent la peine, mais qui ne correspondent pas à leur idéal conventionnel.
Tout ce qui encouragerait l'esprit de critique, tout ce qui prédisposerait à relever et ridiculiser les défauts et les erreurs d'autrui est à mettre de côté. Cela alimente la défiance, la suspicion, qui sont contraires au caractère du Christ et préjudiciables aux esprits. Tous ceux qui agissent ainsi se départissent petit à petit du véritable esprit du christianisme.
L'éducation la plus importante, celle qui dure, est celle qui développe les qualités les plus nobles, qui encourage un esprit de bienveillance universelle, qui conduit la jeunesse à ne penser de mal de personne, à ne pas juger les intentions et à ne pas mal interpréter les paroles et les actes. Le temps passé à ce genre d'instruction portera des fruits jusque dans la vie éternelle.
L'exemple du Christ
Depuis la première venue du Christ, il y a eu des gens qui ont voulu se séparer des autres et qui ont manifesté le désir qu'avaient les pharisiens de s'élever au-dessus du peuple. Se mettant à part, ils ne vivaient pas pour faire du bien à leurs semblables.
Il n'y a pas d'exemple dans la vie du Christ de cette piété de propre juste. Son caractère était sociable et bienfaisant. Il n'y a pas d'ordre monastique sur la terre dont il n'aurait été exclu pour en avoir transgressé les règles. Dans toutes les dénominations religieuses, dans presque toutes les églises, on aurait trouvé quelqu'un pour le blâmer de sa miséricordieuse libéralité. On lui aurait reproché de manger avec des publicains et des pécheurs. On l'aurait accusé de se conformer aux usages du monde parce qu'il avait assisté à une noce et on l'aurait censuré sans pitié pour avoir permis à ses amis d'organiser un souper en son honneur et celui de ses disciples.
Mais, dans ces conditions mêmes, par ses enseignements aussi bien que par sa conduite généreuse, il faisait son chemin dans les coeurs de ceux qu'il honorait de sa présence. Il leur permettait ainsi de se familiariser avec lui et d'apercevoir le contraste qu'il y avait entre sa vie et ses enseignements et ceux des pharisiens.
Ceux à qui Dieu a confié la proclamation de sa vérité doivent posséder le même esprit généreux dont le Christ a fait preuve et adopter les mêmes larges plans d'action. Il faut qu'ils aient un esprit de bonté à l'égard des pauvres et qu'ils comprennent tout particulièrement qu'ils sont les dispensateurs des grâces de Dieu. Ils doivent considérer tout ce qu'ils ont, leurs biens, leur intelligence, leurs forces spirituelles, comme ne leur appartenant pas en propre, mais comme leur étant prêtés pour faire avancer la cause du Christ sur la terre. Comme le Christ, qu'ils ne fuient pas la société de leurs semblables, mais la recherchent avec l'intention de faire part aux autres des bienfaits célestes qu'ils ont eux-mêmes reçus de Dieu.
Ne soyez pas exclusifs. Ne recherchez pas la compagnie de quelques personnes qui vous plaisent particulièrement pour laisser les autres prendre soin d'elles-mêmes. Si vous voyez que celui-ci est faible et celui-là insensé, ne vous tenez pas loin d'eux pour fréquenter seulement ceux que vous considérez comme parfaits.
Les âmes mêmes que vous méprisez ont besoin d'amour et de sympathie. N'abandonnez pas à ses luttes une âme faible, ne la laissez pas combattre seule les passions de son coeur, mais assistez-la et priez pour elle. Prenez garde de ne pas être vous-mêmes tentés. Si vous agissez ainsi, Dieu ne vous abandonnera pas non plus à votre faiblesse. Il se peut qu'à ses yeux vos péchés soient plus graves que les péchés de ceux que vous condamnez. Ne vous tenez pas à l'écart en disant: Je suis plus saint que lui.
Le Christ enveloppe les hommes de son amour. Il leur communique sa divine puissance afin que l'âme désespérée et attristée par ses péchés atteigne une vie plus haute. Oh! comme nous avons besoin d'être vidés de nous-mêmes et remplis en échange de l'esprit du Christ! Il nous faut la puissance de Dieu pour nous convertir jour après jour. L'esprit de douceur du Christ doit subjuger nos âmes. La seule voie de salut pour ceux qui sont satisfaits d'eux-mêmes, c'est de tomber sur le Rocher et d'être brisés. Le Christ peut vous changer et vous amener à sa ressemblance si vous vous soumettez à lui.
Si nous marchons dans les traces du Christ, nous nous approcherons tout près de ceux qui ont besoin de notre ministère, nous ouvrirons la Bible à l'intelligence des hommes et leur présenterons les exigences de la loi de Dieu, nous lirons les promesses du Seigneur à ceux qui hésitent, nous éveillerons l'attention des insouciants et nous fortifierons les faibles.