Avant de quitter l'Australie et depuis mon retour, j'ai reçu des instructions m'indiquant qu'il y a une grande oeuvre à faire en Amérique. Les pionniers disparaissent, il n'en reste parmi nous qu'un petit nombre. Les lourdes responsabilités jusqu'ici portées par des hommes d'une longue expérience passent maintenant sur de plus jeunes.
Ce transfert de responsabilités à ceux qui ont plus ou moins d'expérience présente certains dangers contre lesquels nous devons nous prémunir. Le monde est plein d'un esprit d'ambition. Nous vivons dans une atmosphère de critique envers les compagnons de travail. Un vent de désordre s'est levé. Pour certaines personnes, tout effort pour établir l'ordre est regardé comme dangereux, comme une restriction de la liberté individuelle. On prétend avoir peur que ne s'instaure l'esprit du papisme. Ces personnes abusées considèrent comme une vertu le fait de se vanter de leur liberté, pensant ainsi agir avec indépendance. Elles déclarent qu'elles ne se conforment pas aux ordres d'un homme et qu'elles refusent de dépendre de personne. Il m'a été montré que c'est l'oeuvre de Satan que d'amener les hommes à croire qu'il est agréable à Dieu qu'ils choisissent leur propre voie, sans prendre conseil de leurs frères.
Il y a là un grave danger pour la prospérité de notre oeuvre. Nous devons agir judicieusement, avec bon sens, en harmonie avec les avis d'hommes craignant Dieu. Là résident seulement la sûreté et la force. Sinon Dieu ne peut travailler avec nous, par nous et pour nous.
Comme Satan se réjouirait s'il pouvait réussir à répandre cet esprit parmi le peuple adventiste! Il désorganiserait ainsi l'oeuvre au moment où une solide organisation est essentielle et où elle sera du plus grand effet pour nous garder de mouvements qui sont des contrefaçons, alors que nous devons éviter de suivre des doctrines qui ne sont pas contenues dans la Parole de Dieu! Tenons solidement les positions que nous occupons afin que ne s'effondrent pas une organisation et un système qui ont été construits à l'aide d'efforts pleins de sagesse et d'attention. Il ne faut pas permettre à certains éléments amis du désordre de prendre la direction de l'oeuvre à un pareil moment.
Certaines personnes ont émis l'idée qu'à mesure que nous approcherons de la fin des temps, chaque enfant de Dieu agira indépendamment de toute organisation religieuse. Mais le Seigneur m'a montré que dans son oeuvre, il n'est pas possible que chaque homme soit indépendant. Les étoiles sont soumises à des lois et agissent l'une sur l'autre pour accomplir la volonté de Dieu, cédant dans leur commune obéissance à la loi qui les régit. De même, pour que l'oeuvre de Dieu progresse sainement et solidement, le peuple du Seigneur doit marcher en bon ordre.
L'action capricieuse et spasmodique de certains prétendus chrétiens ressemble au comportement de chevaux vigoureux, mais non dressés. Quand l'un tire, l'autre retient; à la voix du maître, l'un fonce en avant, et l'autre reste solidement planté sur ses quatre pieds. Si les hommes n'agissent pas de concert dans l'oeuvre noble et grande que Dieu veut accomplir aujourd'hui, il en résultera de la confusion. Ce n'est pas un bon signe lorsque des hommes refusent de travailler en harmonie avec leurs frères et préfèrent agir seuls. Que les prédicateurs placent donc leur confiance en ceux de leurs frères qui ne craignent pas de sonner l'alarme chaque fois qu'on s'écarte du bon chemin.
Certains prédicateurs tirent avec toute la force que Dieu leur a donnée, mais ils n'ont pas encore appris qu'ils ne doivent pas tirer seuls. Au lieu de s'isoler, ils devraient travailler en harmonie avec leurs compagnons de service. Sinon, ils agiront à contre-sens et à contre-temps. Ils feront souvent une oeuvre opposée à celle que Dieu aurait désirée, ce qui sera bien pis que d'avoir simplement gaspillé leurs forces.
D'autre part, ceux qui dirigent le peuple de Dieu doivent se garder du danger de condamner les méthodes de ceux que le Seigneur pousse à faire une oeuvre particulière, réservée seulement à quelques-uns. Que les frères responsables ne soient pas prompts à critiquer tout ce qui n'est pas en harmonie parfaite avec leurs méthodes personnelles; car en retirant leur confiance à un frère qui, avec un zèle humble et consacré, travaille d'une manière spéciale dans une direction que Dieu lui a indiquée, ils retardent les progrès de la cause du Seigneur.
Dieu peut et veut se servir de ceux qui n'ont pas eu une éducation solide dans les écoles humaines. Douter qu'il puisse le faire est une incrédulité manifeste; c'est limiter la puissance de Celui à qui rien n'est impossible. Combien l'on désire peu de telles actions et à quel point l'on s'en méfie! Mais une telle prudence laisse inutilisées un bon nombre des forces de l'Eglise; elle ferme la porte et empêche le Saint-Esprit de se servir des hommes; elle garde dans l'oisiveté ceux qui sont désireux de travailler suivant les ordres du Christ; elle décourage d'entrer dans l'oeuvre de Dieu beaucoup de ceux qui deviendraient de bons serviteurs du Seigneur si on leur en donnait loyalement l'occasion.
Pour le prophète, la roue qui paraissait être au milieu d'une autre roue, l'aspect des animaux en rapport avec ces roues, tout cela semblait compliqué et inexplicable. Mais la Sagesse infinie se trouve au milieu de ces roues et il en résulte un ordre parfait. Chaque roue, dirigée par la main de Dieu, se meut en parfaite harmonie avec une autre roue. Il m'a été montré que les instruments humains que Dieu emploie sont enclins à user d'une trop grande autorité et à essayer de diriger l'oeuvre par eux-mêmes. Ils abandonnent le Seigneur, qui opère avec puissance, et ne lui donnent pas la place à laquelle il a droit dans leurs plans et leurs méthodes. Ils ne lui confient pas tout ce qui concerne les progrès de l'oeuvre. Personne ne doit penser un seul instant qu'il est capable de diriger les affaires du grand JE SUIS. Dieu, dans sa providence, prépare le chemin pour que l'oeuvre puisse être faite par des hommes. Qu'on laisse donc chaque homme à son poste et qu'il fasse sa part au temps voulu, sachant bien que Dieu lui-même l'instruira.
La conference generale
Il m'a souvent été montré par le Seigneur qu'aucun homme ne devrait s'en remettre absolument au jugement d'un autre homme. De même, l'esprit d'un homme ou de quelques-uns ne devrait jamais être regardé comme assez sage pour contrôler l'oeuvre entière et pour décider des plans à exécuter. Mais quand, en tant que Conférence Générale, les frères assemblés de toutes les parties du monde délibèrent, l'indépendance et le jugement personnel ne doivent pas être obstinément conservés, mais abandonnés. Personne ne devrait regarder comme une vertu l'attachement inébranlable à son opinion, si elle est contraire à la décision générale.
Parfois, quand un petit groupe d'hommes chargé de la direction au nom de la Conférence Générale a cherché à faire aboutir des plans qui manquaient de sagesse et à restreindre l'oeuvre de Dieu, j'ai dit que je ne pouvais pas plus longtemps considérer la voix de la Conférence Générale représentée par cette minorité comme étant la voix de Dieu. Mais cela ne veut pas dire que les décisions de la Conférence Générale, réunie en assemblée et composée d'hommes représentant toutes les parties du monde, ne doivent pas être respectées. Dieu a établi les représentants de son Eglise et leur a donné autorité. L'erreur que certains risquent de commettre, c'est de remettre à un seul homme ou à un petit groupe d'hommes la pleine mesure d'autorité et d'influence dont Dieu a investi son Eglise, et qui se manifeste par la voix du comité de la Conférence Générale lorsqu'il est réuni pour veiller à la prospérité et aux progrès de son oeuvre.
Quand ce pouvoir que Dieu a institué dans l'Eglise est remis entièrement à un seul homme, et que celui-ci juge à la place des autres, alors le véritable ordre biblique est changé. Les efforts de Satan sur l'esprit d'un tel homme seront des plus subtils et souvent presque insurmontables, car l'ennemi peut espérer que par cet homme il pourra dominer les autres. Remettons à la plus haute autorité de l'Eglise ce que nous sommes souvent disposés à accorder à un homme ou à un petit groupe d'hommes. -- Testimonies for the Church 9:257-261.