Principes de Foi Chrétienne

Chapitre 4

Dieu le Fils

La Parole faite chair

"Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans elle. En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue." "Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père." Jean 1:1-5, 14.

Ce chapitre nous retrace la nature et l'importance de l'oeuvre du Christ; Jean, qui comprenait bien ce sujet, attribue tout pouvoir au Christ, et il nous parle de sa grandeur et de sa majesté. Il fait jaillir de divins rayons de lumière, combien précieux, qui rappellent la lumière du soleil. Il nous présente le Christ comme l'unique Médiateur entre Dieu et l'humanité.

La doctrine de l'incarnation du Christ dans une chair humaine constitue un mystère, "le mystère caché de tout temps et dans tous les âges". Colossiens 1:26. C'est le grand et profond mystère de la piété. "La Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous." Jean 1:14. Le Christ a revêtu une nature humaine, inférieure à sa nature céleste. Rien ne saurait mieux montrer l'étonnante condescendance de Dieu. Il "a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique". Jean 3:16. Jean présente ce magnifique sujet avec assez de simplicité pour que chacun puisse saisir l'idée et en être éclairé.

Le Christ n'a pas seulement fait semblant d'assumer la nature humaine; il l'a prise en toute vérité. Il a vraiment possédé la nature humaine. "Puisque les enfants participent au sang et à la chair, il y a également participé lui-même." Hébreux 2:14. Il était le fils de Marie; il descendait de David selon la chair. Il est annoncé comme un homme, l'Homme Christ Jésus. Cet homme, a dit Paul, "a été jugé digne d'une gloire d'autant supérieure à celle de Moïse que celui qui a construit une maison a plus d'honneur que la maison même". Hébreux 3:3.

La préexistence du Christ

Si, d'une part, la Parole de Dieu parle de l'humanité du Christ alors qu'il était sur la terre, d'autre part, elle nous parle aussi avec autorité de sa préexistence. La Parole existait en tant qu'être divin, le Fils éternel de Dieu, dans l'union la plus intime avec son Père. Dès les âges les plus reculés il a été le Médiateur de l'alliance, celui en qui toutes les nations de la terre, aussi bien les Gentils que les Juifs, devaient être bénies, à condition de le recevoir. "La Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu." Jean 1:1. Avant même que fussent créés les hommes et les anges, la Parole était avec Dieu, et elle était Dieu.

Le monde a été fait par la Parole, "et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans elle". Jean 1:3. Pour pouvoir faire toutes choses, le Christ a dû exister avant toutes choses. Ce qui est dit à ce sujet est d'une clarté qui ne laisse subsister aucun doute. Le Christ était Dieu essentiellement, dans le sens le plus élevé du terme. Il était Dieu de toute éternité, Dieu suprême, éternellement béni.

Le Seigneur Jésus-Christ, le divin Fils de Dieu, a existé de toute éternité en tant que personne distincte et cependant une avec le Père. Sa gloire surpassait toute autre gloire dans le ciel. Il commandait aux intelligences célestes, et il était en droit de recevoir l'hommage et l'adoration de la part des anges. Cela ne constituait pas une usurpation à l'encontre de Dieu. La Sagesse déclare: "L'Éternel m'a possédé au commencement de sa voie, avant ses oeuvres d'ancienneté. Dès l'éternité, je fus établie, dès le commencement, dès avant les origines de la terre. Quand il n'y avait pas d'abîmes, j'ai été enfantée, quand il n'y avait pas de sources pleines d'eau. Avant que les montagnes fussent établies sur leurs bases, avant les collines, j'ai été enfantée, lorsqu'il n'avait pas encore fait la terre et les campagnes, et le commencement de la poussière du monde. Quand il disposait les cieux, j'étais là; quand il ordonnait le cercle qui circonscrit la face de l'abîme." Proverbes 8:22-27 (V. Darby).

Lumière et gloire resplendissent dans la vérité selon laquelle le Christ était un avec le Père avant la fondation du monde. C'est ici la lumière qui brille dans un lieu obscur, resplendissant d'une gloire divine, unique. Cette vérité, infiniment mystérieuse en elle-même, explique d'autres vérités également mystérieuses qui, sans elle, resteraient inexplicables; elle est enchâssée dans la lumière, inaccessible et incompréhensible.

"Avant que les montagnes fussent nées, et que tu eusses créé la terre et le monde, d'éternité en éternité tu es Dieu." Psaumes 90:2. "Ce peuple, assis dans les ténèbres, a vu une grande lumière; et sur ceux qui étaient assis dans la région de l'ombre de la mort, la lumière s'est levée." Matthieu 4:16. Ici, la préexistence du Christ et le but de sa manifestation au monde sont présentés avec l'éclat d'une lumière émanant du trône éternel. "Maintenant, fille de troupes, rassemble tes troupes! On nous assiège; avec la verge on frappe sur la joue le juge d'Israël. Et toi, Bethléhem Éphrata, petite entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi celui qui dominera sur Israël, et dont l'origine remonte aux temps anciens, aux jours de l'éternité." Michée 5:1-2. "Nous, nous prêchons Christ crucifié; scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs." 1 Corinthiens 1:23, 24.

Un mystère

Que Dieu eût à se manifester ainsi dans la chair est réellement un mystère; impossible de comprendre un tel sujet sans l'assistance du Saint-Esprit. Voici la leçon la plus humiliante que l'homme doive apprendre: le néant de la sagesse humaine, la folie de toute tentative pour trouver Dieu par ses seuls efforts. On peut mettre à contribution toutes les facultés intellectuelles, même si l'on possède ce que le monde appelle une instruction supérieure, on reste cependant un simple ignorant aux yeux de Dieu. Les anciens philosophes vantaient leur sagesse; que pesait-elle dans les balances divines? Malgré tout son savoir, la sagesse de Salomon n'était que folie; car il n'a pas pu sauvegarder son indépendance morale, se préserver du péché, avec la force d'un caractère façonné sur le modèle divin. Salomon nous a dit le résultat de ses recherches, de ses pénibles efforts, de ses enquêtes persévérantes. Il reconnaît que sa sagesse n'a été que vanité.

Par sa sagesse, le monde n'a pas connu Dieu. Sa conception mentale n'a pas été élargie et agrandie par une juste estimation du caractère divin, n'ayant eu qu'une connaissance imparfaite de ses attributs. Les esprits n'ont pas été ennoblis conformément au vouloir divin, aussi se sont-ils plongés dans l'idolâtrie la plus grossière. "Se vantant d'être sages, ils sont devenus fous; et ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible en images représentant l'homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes, et des reptiles." Romains 1:22, 23. Voilà ce que valent les acquisitions et les connaissances en l'absence du Christ.

"Je suis le chemin, la vérité, et la vie, a déclaré le Christ; nul ne vient au Père que par moi." Jean 14:6. Le Christ a reçu le pouvoir de donner la vie à toutes créatures. "Comme le Père qui est vivant m'a envoyé, et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi." "C'est l'esprit qui vivifie; la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie." Jean 6:57, 63. Ici, le Christ ne fait pas allusion à sa doctrine, mais bien plutôt à sa personne, à son caractère divin. Il dit encore: "En vérité, en vérité, je vous le dis, l'heure vient, et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu; et ceux qui l'auront entendue vivront. Car, comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d'avoir la vie en lui-même. Et il lui a donné le pouvoir de juger, parce qu'il est Fils de l'homme." Jean 5:25-27.

Ce que signifie la naissance du Christ

Dieu et le Christ prévoyaient dès le commencement l'apostasie de Satan et la chute d'Adam, amenée par le pouvoir séducteur de l'apostat. Le plan du salut avait pour but de racheter la race déchue, de lui accorder une nouvelle mise à l'épreuve. Le Christ fut désigné à l'office de Médiateur par la volonté de Dieu; dès les temps éternels, il fut destiné à devenir notre substitut et notre garant. Dès avant la création du monde, il fut convenu que le Christ revêtirait l'humanité. "Tu m'as formé un corps" (Hébreux 10:5), dit le Christ. Quand la plénitude des temps fut accomplie, alors seulement il est venu sous une forme humaine. Il naquit alors comme un bébé à Bethléhem.

Personne, parmi ceux qui sont nés dans le monde, pas même le mieux doué des enfants de Dieu, n'a été salué par des démonstrations de joie comme celles qui accueillirent l'Enfant né à Bethléhem. Des anges de Dieu chantèrent ses louanges au-dessus des collines et des plaines de Bethléhem. Ils chantèrent: "Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, et paix sur la terre parmi les hommes qu'il agrée!" Luc 2:14. Si seulement la famille humaine pouvait aujourd'hui apprécier ce chant! La déclaration faite alors, la note frappée, l'accord commencé, grandiront et prendront toujours plus d'extension jusqu'à la fin des temps, et le son en parviendra aux extrémités de la terre. C'est gloire à Dieu, paix sur la terre, bienveillance envers les hommes. Quand le Soleil de justice apparaîtra, portant la guérison sous ses ailes, le chant entonné sur les collines de Bethléhem sera repris par une grande multitude, comme un bruit de grosses eaux, disant: "Alléluia! Car le Seigneur notre Dieu tout-puissant est entré dans son règne." Apocalypse 19:6.

En obéissant à tous les commandements de Dieu, le Christ a opéré la rédemption des hommes. Ce n'est pas en sortant de lui-même, mais en assumant notre humanité qu'il l'a fait. Ainsi le Christ a donné une existence à l'humanité en lui. La rédemption consiste en ceci: amener en Christ l'humanité, réconcilier la race tombée avec la divinité. Le Christ a revêtu la nature humaine afin que les hommes soient un avec lui comme il est un avec le Père, afin que Dieu puisse aimer l'homme comme il aime son Fils unique, afin que les hommes puissent participer à la nature divine et être accomplis en lui.

Le Saint-Esprit, qui procède du Fils unique de Dieu, relie l'être humain, corps, âme et esprit, à la nature divino-humaine parfaite du Christ. Cette union est comparée à celle du cep et des sarments. L'homme fini est uni à l'humanité du Christ. Par la foi, la nature humaine est assimilée à la nature du Christ. Nous sommes faits un avec Dieu en Christ.

Évitez toute question en rapport avec l'humanité du Christ qui puisse être mal comprise. La vérité est toute proche du chemin de la présomption. En traitant de l'humanité du Christ, il vous faut examiner profondément toute assertion, de crainte que vos paroles soient employées pour dire plus que ce qu'elles signifient, et qu'ainsi vous perdiez ou obscurcissiez la claire perception de son humanité unie à sa divinité. Sa naissance fut un miracle de Dieu; car, dit l'ange, "voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père. Il régnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n'aura point de fin. Marie dit à l'ange: Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme? L'ange lui répondit: Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu." Luc 1:31-35.

Ces paroles ne se réfèrent pas à un être humain quelconque, mais au Fils du Dieu infini. Jamais, d'aucune manière, ne laissez la moindre impression qu'un brin de corruption, ou une inclination ait reposé sur le Christ, ou qu'il ait d'une manière quelconque cédé à la corruption. Il fut tenté en tous points comme un homme est tenté, cependant il est appelé "cette chose sainte". C'est un mystère qui reste inexpliqué aux mortels que le Christ puisse être tenté en tous points comme nous le sommes, et cependant être sans péché. L'incarnation du Christ a toujours été et demeurera toujours un mystère. Ce qui est révélé est pour nous et pour nos enfants, mais que chacun soit averti de ne pas faire du Christ un humain comme nous; car il ne peut l'être. Il n'est pas besoin pour nous de connaître le moment exact où la divinité s'est unie à l'humanité. Il nous faut nous tenir sur le Roc Jésus-Christ comme étant Dieu révélé dans l'humanité.

Je perçois qu'il y a danger à approcher des sujets qui traitent de l'humanité du Fils du Dieu infini. Il s'est humilié lui-même quand il a pris la forme d'un homme pour pouvoir comprendre la force de toutes les tentations auxquelles l'homme est soumis.

Le premier Adam est tombé; le second Adam est resté attaché à Dieu et à sa parole dans les circonstances les plus éprouvantes, et sa foi dans la bonté, la grâce et l'amour de son Père n'a pas faibli un seul moment. "Il est écrit" fut son arme défensive, et c'est l'épée de l'Esprit que tout homme doit employer. "Je ne parlerai plus guère avec vous; car le prince du monde vient. Il n'a rien en moi" (Jean 14:30) -- rien qui puisse succomber à la tentation. En aucune occasion il n'a succombé à ses diverses tentations. Pas une seule fois, le Christ ne s'est placé sur le terrain de Satan pour lui donner un quelconque avantage. Satan n'a rien trouvé en lui qui puisse encourager ses avances. -- Lettre 8, 1895.

Genèse 3:15; Matthieu 8:17; 2 Corinthiens 5:21; Hébreux 4:15; 1 Pierre 1:19. La nature humaine du Christ parfaite et sans péché. En prenant sur lui la nature humaine dans sa condition après la chute, le Christ n'a en rien participé à son péché. Il a été soumis aux infirmités et aux faiblesses auxquelles l'homme est soumis, "afin que s'accomplît ce qui avait été annoncé par Ésaïe, le prophète: Il a pris nos infirmités, et il s'est chargé de nos maladies". Il a connu le sentiment de nos infirmités, et il a été en tous points tenté comme nous le sommes. Et cependant, il "n'a pas connu le péché." Il a été l'agneau "sans défaut et sans tache." Si Satan avait réussi à faire commettre au Christ le moindre péché, il aurait broyé la tête du Sauveur. En fait, il n'a pu toucher que son talon. Si la tête du Christ avait été touchée, l'espoir de l'humanité se serait éteint. La colère divine serait venue sur le Christ comme elle est venue sur Adam. Le Christ et l'Église seraient restés sans espoir.

Il ne faut pas se méprendre sur la nature parfaite et sans péché du Christ. Notre foi doit être intelligente, regardant à Jésus dans une parfaite confiance, avec une foi totale dans le sacrifice rédempteur. -- The Signs of the Times, 9 juin 1898.