Rayons de Santé

Chapitre 35

Une oeuvre nécessaire

Lorsque le Christ commença son ministère, la foi en Dieu et en sa Parole avait presque complètement disparu. Chez les Juifs, qui prétendaient connaître Jéhovah, les saintes Ecritures étaient remplacées par la tradition et les spéculations. L'ambition, le désir de paraître, l'amour du gain absorbaient les pensées; et à mesure que disparaissait la crainte de Dieu, la compassion envers les hommes faisait place à l'égoïsme qui régnait en maître. Satan triomphait en semant la misère et la dégradation.

Les forces du mal finirent par dominer l'homme. Elles firent de son corps, destiné à être le temple de Dieu, le repaire des démons. Ses sens, ses nerfs, tous ses organes furent influencés par une puissance surnaturelle, et les passions les plus viles s'emparèrent de lui, au point que son visage semblait reproduire l'expression des légions sataniques qui le possédaient.

Quelle est aujourd'hui la condition du monde? La Bible est battue en brèche par la "haute critique" et les hypothèses scientifiques, autant qu'elle l'était au temps du Christ par la tradition et le rabbinisme. L'avidité, l'ambition et l'amour du plaisir ont une emprise sur les coeurs aussi forte que jadis. Dans le monde soi-disant chrétien, au sein même des églises, ils sont rares ceux qui sont régis par des principes religieux. Dans les affaires, la société, la famille, et même la religion, comme ils sont peu nombreux les hommes dont la conduite de chaque jour est en harmonie avec les enseignements du Christ! N'est-il pas vrai que "la vérité trébuche sur la place publique, que la droiture ne peut approcher... et que celui qui s'éloigne du mal est dépouillé"?1

Une épidémie de crimes sévit actuellement devant laquelle tous ceux qui ont la crainte de Dieu sont frappés d'horreur. La corruption prévaut au-delà de tout ce que l'on pourrait décrire. Chaque jour apporte la nouvelle de conflits politiques, de fraudes, de violences, de désordres, d'indifférences aux souffrances humaines, de meurtres atroces commis avec une abominable férocité. Chaque jour est témoin de la progression du crime, de la folie et du suicide. Qui oserait nier que les suppôts de Satan travaillent parmi les hommes avec une ardeur croissante à égarer et à corrompre les esprits, à souiller et à détruire les corps?

Et tandis que ces maux déferlent sur le monde, l'Evangile est trop souvent présenté d'une manière qui influence fort peu la conscience et la vie des hommes. Cependant, il y a partout des coeurs épris d'idéal qui soupirent après la délivrance du péché et du mal sous toutes ses formes, après la vie réelle et la paix. Un grand nombre de ceux qui, autrefois, avaient connu la puissance de la Parole de Dieu et s'en sont écartés au contact des incroyants éprouvent aujourd'hui le besoin de la présence divine.

Il y a dix-neuf siècles, le monde désirait ardemment la révélation du Christ. Il en est encore ainsi aujourd'hui. Il nous faut une réforme totale. Seule la grâce du Sauveur peut accomplir cette oeuvre de restauration qui s'impose au triple point de vue physique, mental et moral.

Lorsque Jésus envoya ses disciples faire leur première tournée missionnaire, il leur dit: "Allez, prêchez, et dites: Le rovaume des cieux est proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement."2

Plus tard, lorsqu'il envoya les soixante-dix disciples, il ajouta: "Dans quelque ville que vous entriez... guérissez les malades qui s'y trouveront, et dites-leur: Le royaume de Dieu s'est approché de vous."3 La puissance du Seigneur les accompagnait. "Les soixante-dix revinrent avec joie, disant: Seigneur, les démons mêmes nous sont soumis en ton nom."4

Cette oeuvre se poursuivit après l'ascension. On revit les mêmes scènes. "La multitude accourait des villes voisines à Jérusalem, amenant des malades et des gens tourmentés par des esprits impurs; et tous étaient guéris."5

Les disciples partirent, et "le Seigneur travaillait avec eux".6 "Philippe, étant descendu dans une ville de Samarie, y prêcha le Christ. Les foules tout entières étaient attentives à ce que disait Philippe... Car des esprits impurs sortirent de plusieurs démoniaques... et beaucoup de paralytiques et de boiteux furent guéris. Et il y eut une grande joie dans cette ville."7

Les disciples à l'oeuvre

Luc, l'auteur de l'évangile qui porte son nom, était un missionnaire médical. Il est appelé "le médecin bien-aimé".8 L'apôtre Paul, ayant entendu parler de ses talents de médecin, voulut faire sa connaissance, et il comprit que Dieu avait confié à cet homme une oeuvre spéciale. Il en fit pendant un certain temps son compagnon dans ses voyages missionnaires. Puis, il le laissa à Philippes, en Macédoine, où il exerça la médecine pendant plusieurs années tout en prêchant l'Evangile. Il soignait les malades, et demandait au Seigneur de les guérir. C'est ainsi qu'il commençait à prêcher la Parole. Ses succès comme médecin lui donnaient de nombreuses occasions d'annoncer le Christ parmi les païens.

La volonté de Dieu est que nous imitions les premiers disciples dans leurs méthodes de travail. La guérison physique va de pair avec la proclamation de l'Evangile. Elles ne doivent jamais être séparées.

Les apôtres furent chargés par le Maître de répandre la bonne nouvelle du salut. Ils s'en acquittèrent si fidèlement, qu'en une seule génération l'Evangile fut annoncé au monde entier.

Il faut que tous ceux qui se réclament du nom du Seigneur proclament, eux aussi, l'Evangile, car il est le seul remède contre le péché. Faire connaître au monde entier le message de grâce, voilà le premier devoir de tous ceux qui en connaissent la puissance de guérison.

La méthode du Christ

La méthode du Sauveur pour sauver les âmes est la seule qui réussisse. Il se mêlait aux hommes pour leur faire du bien, leur témoignant sa sympathie, les soulageant et gagnant leur confiance. Puis il leur disait: "Suivez-moi."

C'est ainsi que, par des efforts personnels, il faut entrer en rapport intime avec les gens. On obtiendrait de meilleurs résultats si l'on passait moins de temps à prêcher et davantage à visiter les familles. Il faut secourir les pauvres, soigner les malades, réconforter ceux qui sont dans la peine, instruire les ignorants et conseiller ceux qui manquent d'expérience. Pleurons avec ceux qui pleurent et réjouissons-nous avec ceux qui se réjouissent. Avec la puissance que donnent la conviction, la prière et l'amour, cette oeuvre ne saurait rester stérile.

Ne perdez jamais de vue que le but du travail missionnaire médical est de conduire les malades au divin crucifié qui ôte le péché du monde. En le contemplant, ils seront transformés à son image. Qu'ils regardent à Jésus et qu'ils vivent. Présentez le grand Médecin à ceux que la maladie de l'âme ou du corps décourage. Entretenez-les de celui qui peut compatir à leurs faiblesses. Il est mort pour que nous ayons la vie éternelle. Parlez-leur de son amour et de sa puissance salvatrice.

C'est là le devoir solennel et le précieux privilège du missionnaire médical. Dieu touche souvent les coeurs lorsque nous nous efforçons de soulager les souffrances physiques.

Le missionnaire médical ouvre la porte à l'Evangile. C'est autant par son art que par la prédication que celui-ci doit être prêché.

L'oeuvre des infirmières

Partout se trouvent des gens auxquels la Parole de Dieu n'a jamais été présentée et qui n'assistent à aucun service religieux. Pour que l'Evangile leur parvienne, il faut aller les trouver chez eux. Or, le soulagement de leurs souffrances offre souvent un moyen pour les aborder. Les infirmières missionnaires, qui donnent des soins dans les familles ou font des visites aux pauvres, y rencontrent bien des occasions de prier, de lire des passages de l'Ecriture et de parler du Sauveur. Elles peuvent intercéder en faveur de ceux qui manquent de volonté pour maîtriser leurs passions mauvaises, apporter un rayon de soleil dans la vie de ceux qui sont découragés, et leur témoigner par des actes de bonté une affection qui les aidera à croire à l'amour du Christ.

Il en est beaucoup qui ne croient plus en Dieu et qui ont perdu confiance en l'homme. Cependant, ils savent reconnaître et apprécier la vraie sympathie qui leur est témoignée et le secours qu'on leur apporte. Ils ont le coeur touché lorsqu'ils voient une personne soigner les malades, secourir les pauvres, habiller ceux qui sont démunis de vêtements, consoler les affligés, diriger avec douceur les regards de chacun vers celui dont elle est la messagère d'amour, et cela d'une manière tout à fait désintéressée. Leur gratitude s'éveille, leur foi s'allume; ils comprennent que Dieu prend soin d'eux et sont prêts à écouter sa Parole.

Que ce soit dans les missions lointaines, ou dans son propre pays, chaque missionnaire, homme ou femme, trouvera plus facilement le chemin des coeurs, et se rendra beaucoup plus utile, s'il est capable de soigner les malades. Les femmes qui partent comme missionnaires dans les pays païens auront ainsi l'occasion de parler de l'Evangile aux femmes indigènes alors qu'elles ne le pourraient d'aucune autre manière. Tous les missionnaires devraient donc savoir donner des traitements simples pour calmer la douleur et pour guérir.

L'enseignement des principes de la santé

Il faut que tous ceux qui annoncent l'Evangile soient capables d'enseigner les principes de l'hygiène. Si la maladie sévit partout, on pourrait l'éviter dans la plupart des cas en se conformant aux lois de la santé. Faites comprendre aux gens l'heureuse influence de ces lois sur leur vie présente et sur leur vie future; qu'ils sachent qu'ils devront rendre compte un jour de la manière dont ils auront traité leur corps, destiné à être la demeure de Dieu. Cette vérité de l'Ecriture doit les inspirer: "Nous sommes le temple du Dieu vivant, comme Dieu l'a dit: J'habiterai et je marcherai au milieu d'eux; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple."9

Des milliers de gens seraient heureux de connaître les moyens de soigner les malades sans médicaments. L'ignorance touchant la réforme sanitaire fait un mal incalculable. Les erreurs au point de vue diététique et l'emploi d'aliments nuisibles sont en grand partie la cause des misères et des crimes qui affligent notre pays.

En enseignant les principes de la santé, ne perdez pas de vue l'essentiel de la réforme, à savoir, assurer le développement le plus élevé du corps, de l'âme et de l'esprit. Faites comprendre que les lois de la nature étant celles de Dieu, elles sont établies pour notre bien; que notre soumission à ces lois nous procure le bonheur ici-bas et nous prépare pour la vie à venir.

Encouragez les gens à considérer les manifestations de l'amour et de la sagesse de Dieu dans la nature. Qu'ils étudient le corps humain, cet organisme merveilleux, ainsi que les lois qui le régissent. En voyant l'amour du Créateur, et en ayant un aperçu de la sagesse et de la valeur de ses lois, ils comprendront leurs devoirs d'une manière toute différente. Au lieu de considérer que l'obéissance aux principes de la santé est un sacrifice, un renoncement pénible, ils l'accepteront comme un bienfait inestimable.

Tous les serviteurs de Dieu devraient être persuadés que la propagation des lois de la santé fait partie intégrante de leur mission. Le monde a un urgent besoin de leur activité dans ce sens, et partout des portes leur sont ouvertes.