Dans le cas de sœur F., une grande œuvre était à faire. Ceux qui se sont réunis pour prier en sa faveur n’étaient pas eux-mêmes en règle avec Dieu. Si le Seigneur avait exaucé leurs prières, cela leur eût été néfaste. Dans les affections de ce genre, où l’esprit se trouve sous l’empire de Satan, il convient, avant de se livrer à la prière, de faire un sérieux examen de conscience pour voir si l’on ne caresse pas quelque péché dont il y a lieu de se repentir, et qu’il faut confesser et délaisser. Il est nécessaire d’avoir devant Dieu des sentiments de profonde humilité et une confiance inébranlable aux seuls mérites du sang du Christ.
Le jeûne et la prière ne serviront de rien tant que le cœur sera éloigné de Dieu et qu’on suivra une mauvaise voie. “Voici le jeûne auquel je prends plaisir: Détache les chaînes de la méchanceté, dénoue les liens de la servitude, renvoie libres les opprimés, et que l’on rompe toute espèce de joug; partage ton pain avec celui qui a faim, et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile; si tu vois un homme nu, couvre-le, et ne te détourne pas de ton semblable... Alors tu appelleras, et l’Eternel répondra; tu crieras, et il dira: Me voici! Si tu éloignes du milieu de toi le joug, les gestes menaçants et les discours injurieux, si tu donnes ta propre subsistance à celui qui a faim, si tu rassasies l’âme indigente, ta lumière se lèvera sur l’obscurité, et tes ténèbres seront comme le midi. L’Eternel sera toujours ton guide, il rassasiera ton âme dans les lieux arides, et il redonnera de la vigueur à tes membres; tu seras comme un jardin arrosé, comme une source dont les eaux ne tarissent pas.” Ésaïe 58:6, 7, 9-11.
Dieu désire que nos œuvres procèdent d’un cœur débordant d’amour. Que chacun examine ses mobiles et ses actions à la lumière des passages cités plus haut, et qu’il prie à ce sujet. Dieu nous fait des promesses, mais elles ne se réaliseront que pour ceux qui obéissent strictement à ses ordres. “Crie à plein gosier, dit encore le prophète Esaïe, ne te retiens pas, élève ta voix comme une trompette, et annonce à mon peuple ses iniquités, à la maison de Jacob ses péchés! Tous les jours ils me cherchent, ils veulent connaître mes voies; comme une nation qui aurait pratiqué la justice, et n’aurait pas abandonné la loi de son Dieu, ils me demandent des arrêts de justice, ils désirent l’approche de Dieu. Que nous sert de jeûner, si tu ne le vois pas? De mortifier notre âme, si tu n’y as point égard?” Versets 1-3.
Il est question ici de gens qui ont une haute profession de piété, qui ont l’habitude de prier et qui prennent plaisir à des exercices religieux. Néanmoins, il y a chez eux une lacune. Ils constatent que leurs prières ne sont pas exaucées. Le ciel ne tient aucun compte de leur ferveur et de leur zèle; aussi est-ce sincèrement qu’ils demandent au Seigneur pourquoi il ne leur répond pas. Ce n’est pas qu’il y ait négligence de la part de Dieu. La faute en est à eux. Alors qu’ils professent la piété, ils ne portent pas des fruits à la gloire de Dieu et leurs œuvres ne sont pas ce qu’elles devraient être. Ils négligent des devoirs évidents. Tant qu’ils ne s’en acquittent pas, l’exaucement de leurs prières ne peut tourner à la gloire de Dieu.
Lorsque des prières furent faites en faveur de sœur F., il y avait confusion de sentiment. Quelques-uns étaient fanatiques et ne suivaient que leurs impulsions. Ils étaient zélés, mais leur zèle n’était pas éclairé. D’autres regardaient au miracle qui devait s’accomplir et commençaient à triompher avant d’avoir remporté la victoire. On était animé de l’esprit de Jéhu, lorsqu’il disait: “Viens avec moi, et tu verras mon zèle pour l’Eternel.” 2 Rois 10:16. Au lieu de cette assurance en eux-mêmes, ceux qui ont prié auraient dû présenter à Dieu ce cas avec humilité, avec un cœur brisé et contrit.
Comment prier
Il m’a été montré qu’en cas de maladie, là où l’on peut prier sans arrière-pensée, il faut remettre la chose entre les mains du Seigneur avec une foi calme et non se laisser gagner par la fièvre de l’excitation. Dieu seul connaît le passé du malade, comme il connaît aussi son avenir. Celui qui sonde le cœur de tout homme sait si, une fois rétabli, le malade glorifiera son nom ou s’il le déshonorera en se détournant de la vérité. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de demander à Dieu la guérison si telle est sa volonté, et de croire qu’il entend nos prières et en comprend les motifs. S’il voit que c’est pour sa gloire, il nous exaucera. Mais insister pour obtenir la guérison sans se soumettre à sa volonté, ce n’est pas bien.*
Dieu est toujours capable de tenir ses promesses et l’œuvre qu’il confie à ses serviteurs, il peut l’accomplir par eux. Tout ce qu’il promet, il le fera pour quiconque se conforme à ses paroles. Mais ses grandes et précieuses promesses ne peuvent se réaliser pour ceux qui ne lui obéissent pas en tous points.
Tout ce que l’on peut faire en priant pour les malades, c’est de supplier le Seigneur en leur faveur et de les remettre avec une entière confiance entre ses mains. Si nous gardons de l’iniquité dans notre cœur, le Seigneur ne nous exaucera pas. Il peut faire ce que bon lui semble de ce qui lui appartient. Il se glorifiera en opérant en ceux et par ceux qui le suivent en toutes choses. On reconnaîtra alors qu’il est l’Eternel et que leurs œuvres sont faites en Dieu. “Si quel qu’un me sert, le Père l’honorera.” Jean 12:26. Quand nous allons à lui, prions-le de nous faire comprendre quel est son dessein afin que nous puissions nous y conformer et que nos désirs et nos intérêts soient absorbés dans les siens. Il faut montrer que nous acceptons sa volonté et ne pas le prier de faire la nôtre. Il nous est avantageux que Dieu n’exauce pas toujours nos prières au moment et de la manière que nous le désirons. Il fera plus et mieux pour nous que d’accomplir tous nos désirs, car notre sagesse n’est que folie.
Nous nous sommes agenouillés auprès du lit de malades d’âges divers et nous avons eu la conviction qu’ils avaient été arrachés à la mort en réponse à nos ferventes prières. Dans ces prières, nous avons cru devoir être formels et nous sentions que, si nous avions la foi, nous ne devions demander rien de moins que la vie. Nous n’osions pas ajouter: “Si c’est pour la gloire de Dieu,” de peur que notre requête eût une apparence de doute. Nous avons suivi avec le plus vif intérêt ceux qui nous avaient été en quelque sorte ramenés d’entre les morts. Nous en avons vu, surtout parmi les jeunes, qui, une fois guéris, se sont détournés de Dieu, ont mené une vie dissolue et sont devenus un sujet de tristesse et d’angoisse pour leurs parents et leurs amis ainsi que de confusion pour ceux qui avaient intercédé en leur faveur. Ils n’ont pas vécu pour l’honneur et la gloire de Dieu.
Nous ne dictons plus au Seigneur ce qu’il doit faire et ne tendons plus à l’amener à se conformer à nos désirs. S’il peut être glorifié par la guérison du malade, nous lui demandons de le rétablir; néanmoins, nous ajoutons: “Que ta volonté soit faite et non la nôtre.” Notre foi est tout aussi ferme lorsque nous soumettons nos désirs à un Dieu dont la sagesse est infinie et que, sans anxiété fébrile, nous mettons en lui une confiance absolue, abandonnant toutes choses entre ses mains. Nous avons sa promesse qu’il nous exauce si ce que nous demandons est conforme à sa volonté. Nos supplications ne doivent pas revêtir la forme d’un ordre, mais d’une intercession.
Quand l’Eglise sera unie, elle aura force et puissance. Mais si certains de ses membres sont adonnés à la mondanité et d’autres à la cupidité, vices que Dieu abhorre, le Seigneur ne fera que peu de choses en sa faveur. L’incrédulité et le péché nous séparent de Dieu. Nous sommes si faibles que nous ne pouvons pas supporter beaucoup de prospérité spirituelle, car nous ne tardons pas à attribuer la bénédiction de Dieu à nos mérites et à notre justice, alors qu’elle n’est qu’un effet de la grande miséricorde et de l’amour d’un Père céleste compatissant.
Dieu m’a montré pourquoi il n’exauce pas plus souvent les prières pour les malades. C’est qu’il ne serait pas glorifié par ce moyen aussi longtemps que l’on viole les lois de la santé. Il veut que la réforme sanitaire prépare le chemin à la prière de la foi. La foi et les bonnes œuvres doivent aller de pair dans la guérison de nos malades, qui rendront ainsi gloire à Dieu ici-bas et seront sauvés à la venue du Christ. Dieu veuille que ces derniers ne soient pas toujours désappointés parce que les dirigeants de notre Institut sanitaire (à Battle-Creek) agissent à la manière du monde au lieu de joindre à la simple pratique de l’hygiène les bienfaits et les vertus que doivent dispenser des pères et des mères spirituels.
Que personne ne pense que cet établissement est le lieu où il faut aller pour être guéri par la prière de la foi. Mais c’est là qu’on trouvera le rétablissement par des traitements et la formation de bonnes habitudes de vie. C’est là qu’on apprendra à éviter la maladie. Mais s’il y a un lieu ici-bas où plus qu’ailleurs des hommes et des femmes dévoués et fidèles doivent offrir des prières de sympathie et de réconfort, c’est bien dans cet établissement. Ceux qui y soignent les malades devraient avoir pleine confiance que Dieu bénira leurs efforts, puisqu’il leur a demandé de travailler dans ce sens. En effet, dans sa miséricorde le Seigneur a attiré notre attention sur ces sources de santé que sont l’air pur, l’hygiène, un régime sain, l’alternance convenable du travail et du repos, et l’hydrothérapie.—Testimonies for the Church 1:561.