Il m’a été montré que nous vivions au milieu des périls des derniers jours. Parce que l’iniquité abonde, la charité du plus grand nombre se refroidit. Ceux qui se refroidissent sont de prétendus disciples du Christ. Ils sont contaminés par l’iniquité qui se répand et ils s’éloignent de Dieu, mais cette contagion n’est pas inévitable. La cause de leur déclin réside dans le fait qu’ils ne se tiennent pas résolument à l’écart du péché. La diminution de l’amour pour Dieu en raison de l’abondance de l’iniquité montre que ces chrétiens sont, dans un certain sens, participants de cette iniquité, sinon elle n’affecterait pas leur attitude envers Dieu ainsi que leur zèle et leur ferveur pour sa cause.
La condition actuelle du monde a été dépeinte sous de bien sombres couleurs. L’immoralité règne partout. La licence est le péché particulier à notre époque. Jamais le vice n’a relevé la tête avec autant de hardiesse. Une certaine torpeur envahit le monde et ceux qui aiment la vertu et la vraie piété sont presque découragés par la prédominance de l’iniquité, qui n’abonde pas seulement chez les incroyants et les moqueurs. Plût au ciel que ce fût le cas! Mais au contraire, ceux qui professent la religion du Christ sont aussi coupables. Même ceux qui prétendent désirer son avènement ne s’y préparent pas autant que Satan luimême. Ils ne se purifient pas de toute souillure. Ils ont si longtemps été pleins de convoitises que leurs pensées sont naturellement impures et leur imagination corrompue. Il est impossible à leur esprit de s’arrêter sur des sujets purs et saints, de même qu’il serait vain d’essayer d’empêcher l’eau du Niagara de se précipiter du haut des rochers.
Des jeunes gens et même des enfants des deux sexes se laissent entraîner par la corruption morale et sont gagnés par ce vice odieux qui détruit à la fois l’âme et le corps. Beaucoup de prétendus chrétiens ont leur sens spirituel si engourdi qu’ils ne peuvent comprendre qu’il s’agit d’un péché et que, s’ils ne s’arrêtent, ils courent au naufrage de leur être tout entier. L’homme, la plus noble créature de cette terre, formé à l’image de Dieu, s’avilit au rang de la bête. Il devient grossier et corrompu. Tout vrai chrétien devra apprendre à refréner ses passions et à agir seulement d’après de sûrs principes. On ne peut autrement être digne du nom de chrétien.
Certains de ceux qui ont fait une “belle confession” ne comprennent pas les suites inévitables de ce péché qui consiste à abuser de soi-même. Une longue habitude a obscurci leur intelligence. Ils ne se rendent pas compte du caractère extrêmement condamnable de ce péché dégradant qui affaiblit le corps et détruit les énergies nerveuses du cerveau. Les principes moraux sont sans force en face de telles habitudes. Les solennels messages du ciel ne peuvent agir efficacement sur un cœur indulgent à ce vice dégradant. Le cerveau et les nerfs ont perdu de leur vigueur à cause de l’excitation morbide due à la satisfaction d’un penchant contre nature. Ces énergies nerveuses, qui communiquent avec l’organisme tout entier, sont le seul moyen par lequel le ciel peut entrer en relation avec l’homme et agir sur sa vie intime. Tout ce qui trouble la circulation des courants électriques du système nerveux diminue l’intensité des forces vives et aboutit à émousser la sensibilité de l’esprit. Lorsque l’on considère de tels faits, on comprend combien il est important que ceux qui font profession de piété se tiennent éloignés de ce vice qui dégrade l’âme.
Mon âme a été saisie d’angoisse lorsque j’ai vu la faiblesse du peuple de Dieu. L’iniquité abonde et la charité du plus grand nombre se refroidit. Il n’y a que peu de chrétiens qui voient cette question sous son vrai jour et qui savent “posséder leurs corps dans la sainteté” alors que l’opinion publique et les mœurs ne les condamnent pas. Combien peu nombreux sont ceux qui refrènent leurs passions parce qu’ils sentent l’obligation morale de le faire et qu’ils craignent Dieu! L’homme a rendu ses plus hautes facultés esclaves de ses désirs et de ses passions corrompus.
S’éloigner de l’iniquité
Certains reconnaîtront bien qu’ils cèdent à des exigences coupables, mais ils s’excuseront en disant qu’ils ne peuvent vaincre leurs passions. C’est un terrible aveu pour quelqu’un qui prétend se réclamer du nom du Christ. “Quiconque prononce le nom du Seigneur, dit saint Paul, qu’il s’éloigne de l’iniquité.” 2 Timothée 2:19. Pourquoi cette faiblesse? Parce que les inclinations bestiales ont été renforcées par l’habitude jusqu’à ce qu’elles aient pris l’ascendant sur les facultés plus élevées. Les hommes manquent de principes. Ils sont en train de mourir spirituellement parce qu’ils ont trop longtemps nourri des désirs charnels, si bien qu’ils ne savent plus se posséder eux-mêmes. Les plus viles passions ont pris la direction de l’être tout entier, et l’homme est devenu l’esclave de ses désirs corrompus. L’âme est retenue prisonnière. La sensualité a étouffé tout désir de sainteté et desséché toute spiritualité.
Mon âme est attristée lorsque je songe aux jeunes dont le caractère doit se former au milieu de cette génération perverse. Je tremble aussi pour les parents, car il m’a été montré que d’une manière générale ils ne comprennent pas l’obligation qu’ils ont d’élever leurs enfants sur des bases solides. On consulte la coutume et la mode; les enfants apprennent à s’y soumettre et se corrompent de cette façon, tandis que leurs parents indulgents sommeillent en face du danger. Un très petit nombre de jeunes gens sont exempts de mauvaises habitudes. On les dispense d’exercices physiques dans une large mesure de crainte de les surmener. Les parents se chargent des tâches qui devraient leur incomber. Le surmenage est nuisible, mais le résultat de l’indolence est plus redoutable encore. L’oisiveté favorise les mauvaises habitudes. L’abus de soi fatigue cinq fois plus que l’activité. Si un travail facile et régulier épuise vos enfants, soyez assurés, parents, qu’il y a quelque chose à côté de leur travail qui agit sur leurs nerfs et produit cette impression de faiblesse constante. Donnez à vos enfants de l’exercice physique qui fasse appel à leurs nerfs et à leurs muscles. La fatigue qui résultera d’un tel travail diminuera les penchants aux habitudes vicieuses. L’oisiveté est une malédiction et favorise la sensualité.
La vie privée de nombreuses personnes m’a été révélée et mon âme a été malade d’écœurement en constatant à quel point est souillé le cœur de certains de ceux qui professent la piété et parlent d’être transmués. Je me suis souvent demandé: A qui se fier? Qui est exempt d’iniquité?
Priez pour moi!
Mon mari et moi, nous avons assisté à une réunion où notre sympathie fut éveillée par un frère qui souffrait de phtisie. Il était pâle et émacié. Il demanda que l’on prie pour lui, disant que les membres de sa famille aussi étaient malades. Il avait perdu un enfant et parlait sous l’impression de ce deuil. Il attendait depuis un certain temps, disait-il, la visite de frère et sœur White. Il avait pensé que s’ils priaient pour lui, il serait guéri. Après la réunion, les frères attirèrent notre attention sur son cas. Ils nous dirent que ce frère était à la charge de l’église, que sa femme était malade et que son enfant était mort. On s’était déjà réuni chez lui et on avait prié pour la famille affligée. Comme nous étions fatigués, que nous avions eu la charge de la réunion, nous nous excusâmes.
Je dis que j’avais résolu de ne jamais m’engager à prier pour qui que ce soit, à moins d’y être poussée par l’Esprit du Seigneur. Il m’avait été montré que l’iniquité était si abondante, même parmi les observateurs du sabbat, que je ne désirais pas prier pour des personnes dont je ne connaissais vraiment pas le cas. Je donnai mes raisons. Mais les frères m’assurèrent que, pour autant qu’ils connaissaient son cas, il s’agissait d’un homme digne d’intérêt. J’échangeai quelques mots avec le frère qui nous avait demandé de prier pour sa guérison, mais je ne me sentais pas libre de le faire. Il pleura et dit qu’il nous attendait et avait l’assurance que si nous voulions prier pour lui, il serait guéri. Nous lui dîmes que nous ne connaissions pas sa vie et que nous préférerions que ceux qui le connaissaient bien prient avec lui. Mais il nous importuna tant que nous décidâmes de considérer son cas et de le présenter au Seigneur cette nuit-là. Alors, si le chemin nous semblait ouvert, nous céderions à sa requête.
Pendant la nuit, nous priâmes donc. Nous désirions connaître la volonté de Dieu concernant cet homme. Tout ce que nous voulions, c’était que Dieu fût glorifié. Etait-ce dans les plans du Seigneur que nous priions pour ce malade? Nous laissâmes la chose entre les mains de Dieu et nous nous retirâmes pour nous reposer. Dans un songe, le cas de cet homme me fut clairement présenté. Je vis se dérouler toute sa vie depuis son enfance et je compris que le Seigneur ne nous exaucerait pas si nous lui demandions la guérison de ce frère, car il conservait de l’iniquité dans son cœur. Le matin suivant, cet homme revint nous demander de prier pour lui. Nous le prîmes à part et lui dîmes que nous regrettions d’être obligés de ne pas accéder à sa requête. Je lui racontai mon songe et il en reconnut l’exactitude. Il s’était livré au vice secret dès son enfance et il avait continué depuis son mariage, mais il dit qu’il essaierait de s’arrêter sur cette voie.
Cet homme devait vaincre une habitude depuis longtemps contractée. Il était dans la quarantaine. Ses principes moraux étaient si faibles qu’il cédait chaque fois à sa mauvaise habitude. Les passions avaient pris l’ascendant sur la partie la plus élevée de sa nature. Je l’interrogeai sur la réforme sanitaire. Il me répondit qu’il ne pouvait s’y conformer. Sa femme aurait jeté la farine complète par la fenêtre si on lui en avait donné. L’église l’avait secouru financièrement et avait prié pour lui d’une manière toute spéciale. L’enfant était mort, la femme était malade et luimême voulait remettre son cas entre nos mains, afin que nous le présentions au Dieu pur et saint pour qu’il fasse un miracle en sa faveur. Le sens moral de cet homme était engourdi.
Quand on acquiert de mauvaises habitudes dans sa jeunesse, on ne peut plus obtenir la force nécessaire pour un développement physique, intellectuel et moral. Il y avait là un homme qui s’avilissait lui-même chaque jour et qui cependant osait se présenter devant Dieu pour demander des forces qu’il gaspillerait de la plus vile façon. S’il avait été exaucé, il aurait employé celles-ci à la satisfaction de sa convoitise. Combien grande est la patience du Seigneur! S’il traitait l’homme suivant son péché, qui pourrait subsister devant lui? Si nous avions été moins prudents et si nous avions intercédé pour cet homme, alors qu’il pratiquait l’iniquité, le Seigneur aurait-il entendu nos prières? Qu’aurait-il répondu? Le Psalmiste dit: “Car tu n’es point un Dieu qui prenne plaisir au mal; le méchant n’a pas sa demeure auprès de toi. Les insensés ne subsistent pas devant tes yeux; tu hais tous ceux qui commettent l’iniquité... Si j’avais conçu l’iniquité dans mon cœur, le Seigneur m’aurait-il exaucé?” Psaumes 5:5, 6; 66:18.
Il ne s’agit pas d’un cas isolé. Même le mariage n’avait pas suffi à préserver cet homme des habitudes corrompues de sa jeunesse. Je voudrais qu’on puisse me convaincre que de tels cas sont rares, mais je sais, hélas, qu’ils sont fréquents. Les enfants nés de parents qui vivent sous le contrôle de telles passions héritent de cette nature vile. Que peut-on en attendre, sinon qu’ils descendent plus bas encore? Que peut-on espérer de la génération qui monte? Des milliers d’hommes sont dénués de tout principe. Ils transmettent à leurs descendants leur nature corrompue. Quel héritage! Des milliers d’hommes traînent une vie sans idéal, corrompant ce qui les entoure et perpétuant leur avilissement en le transmettant à leurs enfants. Ils prennent la lourde responsabilité de les marquer du sceau de leur propre caractère.
Régime et moralité
Je reviens aux chrétiens. Si tous ceux qui professent obéir à la loi de Dieu étaient exempts d’iniquité, mon âme serait soulagée. Mais ce n’est pas le cas. Même ceux qui disent observer tous les commandements de Dieu sont coupables du péché d’adultère. Que puis-je dire pour éveiller leur sensibilité engourdie? Le principe moral strict est la seule sauvegarde de l’âme. Si jamais il y eut une époque où le régime doit être le plus simple possible, c’est bien maintenant. On ne devrait pas donner de viande aux enfants, car c’est un excitant des passions les plus basses et une nourriture qui diminue la force morale. Les céréales et les fruits cuits sans graisse animale, ou consommés tels que la nature les produit, devraient être l’alimentation de ceux qui se préparent à être transmués. Moins la nourriture est excitante et mieux on peut maîtriser ses passions. On ne devrait pas satisfaire le goût au mépris de la santé physique, intellectuelle et morale.
L’indulgence aux passions viles conduira beaucoup de gens à fermer les yeux à la lumière, car ils craindront d’apercevoir des péchés qu’ils ne désirent pas abandonner. Tous peuvent voir s’ils le veulent. S’ils préfèrent les ténèbres à la lumière, leur culpabilité n’en sera pas diminuée. Pourquoi ne vous renseignez-vous pas sur ces sujets si importants au point de vue physique, intellectuel et moral? Dieu vous a donné un corps dont vous devez vous occuper et qu’il faut garder dans la meilleure condition possible pour son service et pour sa gloire. Vos corps ne vous appartiennent pas. “Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes? Car vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit, qui appartiennent à Dieu.” 1 Corinthiens 6:19, 20. “Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous? Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira; car le temple de Dieu est saint, et c’est ce que vous êtes.” 1 Corinthiens 3:16, 17.