Très honoré frère K, en janvier 1875, mon attention a été attirée sur les obstacles qui empêchent la spiritualité de l’Eglise de se développer. L’Esprit de Dieu est contristé parce que la vie de beaucoup laisse à désirer; leurs œuvres ne sont pas en harmonie avec la foi qu’ils professent. Le jour du repos n’est pas observé comme il devrait l’être. Chaque semaine, le Seigneur est frustré d’une partie du temps qui lui revient au début et à la fin du sabbat; les heures qui devraient être destinées à la méditation et à la prière sont consacrées aux travaux séculiers.
Dieu a donné ses commandements, non seulement pour qu’on y croie, mais pour qu’on les observe. Lorsque Jéhovah posa les fondements de la terre, il revêtit toutes choses de magnificence et il pourvut aux besoins de l’homme. Après avoir créé les merveilles de la terre et de la mer, il institua le sabbat; il le bénit et le sanctifia parce qu’en ce jour il se reposa de toutes ses œuvres. Le sabbat a été fait pour l’homme, et Dieu désire que, ce jour-là, nous mettions de côté nos travaux, comme lui-même s’est reposé après les six jours de la création.
Ceux qui révèrent les commandements de Jéhovah, après avoir compris l’importance du quatrième précepte du Décalogue, s’y conformeront sans s’arrêter aux impossibilités ou aux convenances. Dieu a fait l’homme à son image et il lui a donné l’exemple en observant le septième jour qu’il a sanctifié. Il veut que l’homme l’adore en ce jour et ne se livre à aucun travail séculier. Celui qui méprise le quatrième commandement, après en avoir compris les obligations, ne sera pas tenu pour innocent aux yeux de Dieu.
Frère K., vous connaissez les exigences de Dieu à l’égard du sabbat, mais vos œuvres ne concordent pas avec la foi que vous professez. Votre influence rejoint celle des incroyants, transgresseurs comme vous de la loi de Dieu. Quand les circonstances semblent l’exiger, vous violez sans scrupule le quatrième commandement; pour vous, l’observation de la loi de Dieu est affaire de convenances; vous obéissez selon que votre travail ou vos inclinations vous le commandent. Ce n’est pas là honorer le sabbat comme une institution sacrée. Vous attristez ainsi l’Esprit de Dieu et vous déshonorez votre Rédempteur.
Dieu n’accepte pas une obéissance partielle
Une obéissance partielle du commandement du sabbat n’est pas acceptée par le Seigneur. Elle a un effet plus déplorable sur les pécheurs que si vous ne faisiez pas profession d’observer le septième jour. Ceux-ci s’aperçoivent que votre vie contredit votre croyance, et ils perdent confiance dans le christianisme. Le Seigneur veut bien dire ce qu’il dit, et l’homme ne peut mettre de côté impunément ses commandements. L’exemple d’Adam et d’Eve en Eden devrait suffire pour nous avertir du danger que l’on court en désobéissant à la loi divine. Le péché commis par nos premiers parents en écoutant les tentations spécieuses de l’ennemi amena une foule de maux dans le monde, et obligea le Fils de Dieu à quitter les cours célestes pour venir occuper une humble place ici-bas. Ceux-là mêmes qu’il était venu sauver l’ont insulté, rejeté, crucifié. Quel prix infini a coûté la désobéissance du jardin d’Eden! La Majesté du ciel fut sacrifiée pour sauver l’homme du châtiment mérité par son crime.
Le Seigneur ne prendra pas plus à la légère aujourd’hui la transgression de sa loi que lorsqu’il prononça sa sentence contre Adam. Le Sauveur du monde élève la voix pour protester contre ceux qui considèrent les commandements divins avec indifférence. Il dit: “Celui donc qui supprimera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux; mais celui qui les observera, et qui enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux.” Matthieu 5:19. Nos vies témoignent pour ou contre la vérité. Si vos œuvres semblent justifier de son péché le transgresseur, si votre influence le conduit à violer les commandements de Dieu, alors non seulement vous êtes vous-même coupable, mais vous portez à un certain degré la responsabilité des erreurs des autres.
Au début même du quatrième précepte, Dieu dit: “Souviens-toi”, sachant que l’homme, au milieu de ses soucis et de ses perplexités, serait tenté de s’excuser en ne se conformant pas à toutes les exigences de la loi, ou, dans la fièvre des affaires, d’oublier l’importance du commandement. “Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage” (Exode 20:9), l’ouvrage de chaque jour, pour ton profit, pour ton plaisir. Ces paroles ne sauraient être plus explicites; elles ne peuvent être mal comprises.
Frère K., comment osez-vous transgresser un commandement si solennel et si important? Le Seigneur aurait-il fait une exception pour vous? Vous a-t-il dispensé d’obéir à la loi qu’il a donnée au monde? Vos transgressions seraientelles omises dans le livre du ciel? Excusera-t-il votre désobéissance lorsque les nations comparaîtront devant lui au jour du jugement? Ne vous trompez pas vous-même en pensant que votre péché ne recevra pas son châtiment. Votre transgression sera punie par la verge, parce que vous avez reçu la lumière et que vous avez fait le contraire de ce que celle-ci vous indiquait. “Le serviteur qui, ayant connu la volonté de son Maître, n’a rien préparé et n’a pas agi selon sa volonté, sera battu d’un grand nombre de coups.” Luc 12:47.
Dieu a donné à l’homme six jours pendant lesquels il peut faire tout son travail; mais il réclame pour lui-même un jour, celui qu’il a mis à part et sanctifié. Il l’a donné à l’homme pour qu’il se repose de ses travaux et se consacre à l’adoration et à l’amélioration de sa condition spirituelle. Quel outrage flagrant à la divinité que de s’approprier pour l’employer à son profit un jour que Jéhovah a sanctifié! Y a-t-il une présomption plus grossière pour un homme mortel que de vouloir faire un compromis avec le Tout-Puissant afin de protéger ses pauvres intérêts temporels? C’est aussi terrible de transgresser la loi en s’occupant de ses affaires le jour du sabbat que de le rejeter tout à fait; car c’est faire du commandement du Seigneur une affaire de convenance. “Moi, l’Eternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux”, telle est la déclaration qui retentit au milieu des tonnerres du Sinaï. Aucune désobéissance partielle, aucun partage n’est accepté par celui qui a dit que l’iniquité des pères retombera sur les enfants jusqu’à la troisième et à la quatrième génération de ceux qui le haïssent, et qui fera miséricorde jusqu’à la millième génération à ceux qui l’aiment et qui gardent ses commandements. Ce n’est pas une petite affaire que de voler son voisin, et grande est la flétrissure attachée à celui qui est reconnu coupable d’un tel forfait. Cependant, tel qui considérerait comme déshonorant de voler son semblable dérobe effrontément son Père céleste du temps béni et mis à part pour un but spirituel.
Mon cher frère, vos œuvres sont en désaccord avec la foi que vous professez, et votre seule excuse est une pauvre justification de vos convenances. Les serviteurs de Dieu des temps passés ont été appelés à sacrifier leurs vies pour défendre leur foi. Votre manière d’agir est loin de s’harmoniser avec celle des chrétiens qui souffrirent le martyre, qui endurèrent la faim et la soif, la torture et la mort plutôt que de renoncer à leur religion ou de violer les principes de la vérité.
Foi et obéissance
Il est écrit: “Que sert-il à quelqu’un de dire qu’il a la foi, s’il n’a pas les œuvres? La foi peut-elle le sauver?” Jacques 2:14. Chaque fois que vous travaillez le jour du sabbat, vous reniez virtuellement votre foi. Les saintes Ecritures nous enseignent que la foi sans les œuvres est morte, et que le témoignage rendu par la vie d’un homme proclame au monde si oui ou non il est fidèle à la foi qu’il professe. Votre conduite fait baisser la loi de Dieu dans l’estime de vos amis mondains. Cela revient à leur dire: “Il est permis d’obéir ou de ne pas obéir aux commandements. Je crois que la loi de Dieu est, d’une certaine manière, obligatoire pour l’homme; mais, après tout, le Seigneur ne tient pas à une stricte obéissance à ses préceptes, et il ne traite pas avec sévérité une transgression occasionnelle.”
Beaucoup s’excusent de violer le sabbat en se référant à votre exemple. Ils prétendent que si un homme respectable, qui croit que le septième jour est le sabbat, peut travailler ce jour-là quand les circonstances semblent l’exiger, sans doute peuvent-ils faire de même sans être condamnés. Beaucoup d’âmes s’élèveront contre vous au jour du jugement et présenteront votre influence comme une excuse d’avoir violé la loi de Dieu. Bien que ce raisonnement ne justifie pas leur péché, ce sera contre vous quelque chose de terrible.
Dieu a parlé; il veut que l’homme lui obéisse. Il ne demande pas qu’il le fasse quand cela l’arrange. Le Seigneur de gloire n’a pas consulté ses convenances ou son plaisir lorsqu’il a quitté son haut commandement dans les cieux pour devenir un homme de souffrance, acceptant l’ignominie et la mort pour délivrer l’homme des conséquences de sa désobéissance. Jésus est mort, non pour sauver l’homme dans ses péchés, mais de ses péchés. Celui-ci doit abandonner ses erreurs, se charger de sa croix pour suivre le Christ, renier le moi et obéir à Dieu quoi qu’il en coûte.
Jésus a dit: “Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon.” Matthieu 6:24. Si nous sommes de vrais serviteurs de Dieu, nous ne nous demanderons pas si nous devons obéir à ses commandements ou nous ne consulterons pas nos intérêts temporels. Si ceux qui croient à la vérité ne sont pas soutenus par leur foi pendant ces jours comparativement paisibles, que feront-ils à l’heure de l’épreuve, quand le décret sera lancé contre tous ceux qui ne voudront pas adorer l’image de la bête et recevoir sa marque sur leur main ou sur leur front? Ces temps solennels ne sont pas éloignés. Au lieu de devenir faibles et irrésolus, les enfants de Dieu devraient se fortifier et s’armer de courage pour le temps de détresse.
Jésus, notre grand exemple, nous enseigne par sa vie et par sa mort l’obéissance la plus stricte. Il est mort, lui le juste pour les injustes, lui l’innocent pour le coupable, afin de préserver l’honneur de la loi de Dieu et pour éviter que l’homme ne périsse. Le péché est la transgression de la loi. Si le péché d’Adam amena une détresse sans nom et exigea le sacrifice du Fils de Dieu, quel sera le châtiment de ceux qui, cherchant la vérité, mépriseront le quatrième commandement?
Les circonstances ne sont pas des excuses
Les circonstances ne justifieront jamais celui qui travaillera le jour du sabbat. S’il en était ainsi pour un seul homme, Dieu pourrait excuser tout le monde. Pourquoi frère L., qui est pauvre, ne pourrait-il pas travailler le sabbat si, de la sorte, il était mieux à même de subvenir aux besoins de sa famille? Pourquoi d’autres frères, ou chacun de nous, n’observeraient-ils pas le sabbat quand les circonstances le permettent? Voici la réponse de la voix du Sinaï: “Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l’Eternel, ton Dieu.” Exode 20:9, 10.
Les erreurs perpétrées par les croyants affaiblissent considérablement l’Eglise. Ce sont pour les pécheurs des obstacles qui les empêchent de venir à la lumière. Mon frère, Dieu vous demande de vous ranger résolument de son côté et de montrer par vos œuvres que vous respectez ses préceptes en observant le sabbat. Il vous recommande de vous réveiller et d’être conscient des responsabilités qui reposent sur vous. Ces paroles solennelles vous sont adressées: “Si tu retiens ton pied pendant le sabbat, pour ne pas faire ta volonté en mon saint jour, si tu fais du sabbat tes délices, pour sanctifier l’Eternel en le glorifiant, et si tu l’honores en ne suivant point tes voies, en ne te livrant pas à tes penchants et à de vains discours, alors tu mettras ton plaisir en l’Eternel, et je te ferai monter sur les hauteurs du pays, je te ferai jouir de l’héritage de Jacob, ton père; car la bouche de l’Eternel a parlé.” Ésaïe 58:13, 14.
Comme plusieurs de nos frères, vous vous êtes unis à ceux qui transgressent la loi de Dieu; vous avez adopté leurs vues à cet égard et vous êtes tombés ainsi dans leurs erreurs. Dieu jugera ceux qui prétendent le servir et qui, en réalité, servent Mamon. Ceux qui méprisent une injonction expresse du Seigneur pour un profit personnel attirent le malheur sur eux-mêmes. L’Eglise à... doit se demander sincèrement si elle n’a pas, comme les Juifs, fait du temple de Dieu une caverne de voleurs. Le Christ a dit: “Il est écrit: Ma maison sera appelée une maison de prière. Mais vous, vous en faites une caverne de voleurs.” Matthieu 21:13.
Beaucoup parmi nous ne commettent-ils pas le péché de sacrifier la religion à l’amour du gain? Ils ont l’apparence de la piété, mais donnent toute leur attention aux choses temporelles. La loi de Dieu doit d’abord être observée dans son esprit et dans sa lettre. Si cette loi, donnée avec une telle solennité du haut du Sinaï, est considérée à la légère, comment les Témoignages de son Esprit serontils reçus? Les esprits sont obscurcis au point de ne pas reconnaître l’autorité des commandements du Seigneur donnés directement à l’homme. Comment dès lors pourraient-ils prêter attention au faible instrument que Dieu a choisi pour instruire son peuple?
L’âge n’est pas une excuse
Votre âge n’est pas une excuse pour désobéir aux commandements divins. Abraham fut cruellement éprouvé dans ses vieux jours. Les exigences du Seigneur semblaient terribles et peu en rapport avec la faiblesse d’un vieillard; cependant celui-ci ne les discuta pas un seul instant et il n’hésita pas à obéir. Il aurait pu dire qu’il était affaibli par l’âge et ne pouvait sacrifier son fils qui était la joie de sa vie. Il aurait pu rappeler au Seigneur que cet ordre était en contradiction avec la promesse qu’il avait faite au sujet de ce fils. Au lieu de cela, le patriarche obéit sans murmurer. Sa confiance en Dieu était implicite.
La foi d’Abraham devrait être pour nous un exemple. Mais combien peu parmi nous supportent patiemment une petite épreuve ou une simple remarque concernant des péchés qui mettent en péril leur bonheur éternel? Combien peu reçoivent les reproches avec humilité et en tirent profit? Les exigences de Dieu au sujet de notre foi, de notre service, de nos affections devraient recevoir de notre part une prompte réponse. Nous avons contracté une grande dette envers le Seigneur et nous devrions sans hésiter nous soumettre à la moindre de ses exigences. Pour transgresser un commandement il n’est pas nécessaire de fouler aux pieds tout le code moral. Si un seul précepte est négligé, nous transgressons toute la loi. Mais si nous voulons être un véritable observateur des commandements, nous devons nous conformer aux exigences de Dieu à notre égard.
Les soins constants de Dieu
Dieu a consenti que son Fils fût mis à mort à la place du transgresseur de la loi. Comment agira-t-il alors avec ceux qui, contre toute évidence, osent s’aventurer sur le chemin de la désobéissance, après avoir connu la vérité? L’homme n’a pas le droit de considérer ses aises ou ses besoins en pareille matière. Dieu y pourvoira; lui qui a nourri Elie près du ruisseau et fait des corbeaux ses messagers, ne permettra pas que ses fidèles manquent du nécessaire.
Le Sauveur demanda à ses disciples, qui souffraient de la pauvreté, pourquoi ils s’inquiétaient de ce qu’ils mangeraient ou de quoi ils seraient vêtus. Il leur dit: “Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n’amassent rien dans des greniers; et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux?” Matthieu 6:26. Il attira leur attention sur les fleurs admirables créées et coloriées par la main divine, en disant: “Pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement? Considérez comment croissent les lis des champs: ils ne travaillent ni ne filent; cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux. Si Dieu revêt ainsi l’herbe des champs, qui existe aujourd’hui et qui demain sera jetée au four, ne vous vêtira-t-il pas à plus forte raison, gens de peu de foi?” Matthieu 6:28-30.
Où est la foi du peuple de Dieu? Pourquoi est-il si incrédule et si peu confiant en celui qui pourvoit à ses besoins et le soutient par sa force? Le Seigneur veut éprouver sa foi; il le reprend, et si ses avertissements ne sont pas écoutés, il permettra qu’il passe par la tribulation. Il réveillera de leur mortelle léthargie, quoi qu’il dût leur en coûter, tous ceux qui se sont détournés de l’alliance qu’ils avaient contractée avec lui et les rendra conscients de leur devoir.
Mon frère, votre âme doit être vivifiée et votre foi grandir. Pour une raison ou pour une autre, vous avez si longtemps désobéi que votre conscience a été cautérisée et a cessé de vous montrer vos erreurs. Vous avez suivi si longtemps vos propres désirs au sujet de l’observation du sabbat que votre esprit est devenu insensible. Cependant vous êtes responsable, car c’est vous-même qui vous êtes mis dans cette position. Commencez par obéir aux commandements de Dieu, et mettez votre confiance en lui. Ne provoquez pas sa colère, de peur qu’il ne vous châtie durement. Revenez à lui avant qu’il soit trop tard, et il pardonnera vos transgressions. Il est riche en bonté et plein de miséricorde; il vous accordera sa paix et son approbation, si vous venez à lui humblement.