Le Seigneur a fait dépendre la diffusion de la lumière de la vérité sur la terre, de la générosité et des efforts librement consentis par ceux qui ont été faits participants de la grâce divine. Il en est relativement peu qui soient appelés à voyager comme pasteurs ou comme missionnaires, mais des multitudes doivent collaborer à la propagation de la vérité par leurs moyens.
Pour que nous comprenions que c’est un péché de tromper Dieu dans nos dîmes et dans nos offrandes, le récit sacré nous parle d’Ananias et de Saphira. Ceux-ci avaient volontairement promis de donner une partie de leurs biens pour faire avancer la cause du Christ; mais lorsqu’ils eurent l’argent entre les mains, ils renoncèrent à remplir leur engagement, en laissant croire cependant à leurs frères qu’ils avaient tout donné. Leur châtiment fut exemplaire afin qu’il serve d’avertissement aux chrétiens de tous les temps. Le même péché règne d’une manière terrible de nos jours, et pourtant nous n’entendons pas parler de châtiments semblables. Le Seigneur montre aux hommes, une fois pour toutes, avec quelle horreur il regarde une pareille offense faite à sa dignité et à ses droits sacrés, puis il les laisse libres de suivre les principes généraux de sa divine administration.
Les offrandes volontaires et les dîmes constituent le trésor de l’Evangile. Dieu réclame une partie des biens confiés à l’homme: le dixième; mais il laisse à chacun la liberté de dire à combien s’élève cette dîme et s’il veut ou non donner davantage. On doit donner comme on l’a résolu dans son cœur. Mais lorsque celui-ci est stimulé par l’Esprit de Dieu, et qu’on a fait le vœu de donner une certaine somme, celui qui a fait ce vœu n’a plus aucun droit sur la partie consacrée. Il s’est engagé devant les hommes qui sont appelés à rendre témoignage de cette transaction.
En agissant ainsi, il s’est engagé de la façon la plus sacrée à collaborer avec le Seigneur à l’établissement de son royaume ici-bas. Faites à des hommes, les promesses de ce genre seraient considérées comme obligatoires. Ne sont-elles pas plus sacrées lorsqu’elles sont faites à Dieu? Toutes les promesses où la conscience est engagée sont-elles moins obligatoires que les contrats établis entre les hommes?
Lorsque la lumière divine luit dans le cœur avec une clarté et une puissance inusitées, l’égoïsme naturel disparaît dans une certaine mesure, et c’est avec plus de générosité que l’on donne pour la cause de Dieu. Personne ne doit s’attendre à tenir sa promesse sans que Satan proteste. Il n’aime pas que le royaume de Dieu s’étende sur la terre. Il insinue au cœur du donateur qu’il donne trop, que cela l’empêchera d’acquérir quelque bien ou de subvenir aux besoins des siens. La puissance que Satan exerce sur le cœur humain est étonnante. Il travaille de toutes ses forces pour que le cœur se replie sur lui-même.
Le seul moyen que Dieu ait établi pour faire avancer sa cause, c’est de répandre ses bienfaits sur les hommes. Il leur envoie le soleil et la pluie; il fait pousser les plantes; il donne la santé et l’intelligence pour acquérir des biens. Tout ce que nous possédons provient de sa main libérale. En retour, il voudrait que les hommes et les femmes montrent leur gratitude en lui en rendant une partie sous forme de dîmes et d’offrandes: offrandes de reconnaissance, offrandes volontaires et sacrifices expiatoires.
L’égoïsmé endurcit le cœur des hommes qui, à l’exemple d’Ananias et de Saphira, sont tentés de retenir une partie du prix, tout en prétendant se soumettre aux règles de la dîme. L’homme pillera-t-il Dieu? Si l’argent était apporté au trésor divin exactement selon les indications de l’Eternel: un dixième de tout le revenu, il y aurait suffisamment de fonds pour poursuivre son œuvre.
Mais, dira quelqu’un, on fait constamment des appels pour donner à la cause de Dieu? Je suis fatigué de donner! Est-ce vrai? Alors permettez-moi de vous poser une question: “Etes-vous aussi las de recevoir de la main généreuse du Seigneur?” Vous ne cesserez d’être dans l’obligation de lui rendre la portion qu’il réclame que lorsqu’il cessera de vous bénir. Il vous fait du bien pour qu’à votre tour vous soyez en état d’en faire aux autres. Lorsque vous serez fatigués de recevoir, alors vous pourrez dire: “Je suis fatigué de tant d’appels.” Dieu s’est réservé une partie de tout ce que nous recevons. Lorsque nous la lui avons apportée, ce qui nous reste est béni; mais lorsqu’elle est retenue, notre bien entier est tôt ou tard maudit. Le droit de Dieu passe avant tout; tout le reste est secondaire.
Se souvenir des pauvres
Dans chacune de nos églises, il devrait y avoir un fonds des pauvres. Que chaque membre offre un sacrifice d’action de grâces une fois par semaine ou une fois par mois, comme il conviendra le mieux. Cette offrande exprimera notre gratitude pour la santé, pour la nourriture et le vêtement qui nous ont été dispensés. Dans la mesure où Dieu nous aura bénis, nous donnerons pour les pauvres, les souffrants et les nécessiteux. Je voudrais attirer spécialement l’attention de nos frères sur ce point. Souvenez-vous des pauvres, et renoncez à un peu de votre luxe, même à vos aises; assistez ceux qui n’ont qu’une maigre nourriture et des habits de misère. En faisant cela pour eux, vous obligerez Jésus dans la personne de ses saints, car il s’identifie lui-même avec l’humanité souffrante. N’attendez pas pour cela que vos besoins imaginaires soient tous satisfaits. Ne vous fiez pas non plus à vos propres sentiments, ne donnant que lorsque vous vous y sentez poussés. Donnez avec régularité, soit dix, soit cinquante centimes ou un franc chaque semaine 1, c’est-à-dire ce que vous aimeriez voir inscrit à votre compte dans le livre du ciel au dernier jour.
Nous apprécions vos bonnes intentions, mais elles ne peuvent suffire à nourrir et à vêtir les pauvres. Il faut à ceux-ci des preuves matérielles de votre bonté, soit en vivres, soit en vêtements. Dieu ne désire nullement que ses enfants mendient leur pain. Il vous a donné abondamment afin que vous puissiez venir en aide à ceux qui sont dans le besoin malgré leur travail et leur économie. N’attendez pas qu’ils attirent votre attention sur ce qui leur manque. Imitez Job qui cherchait à savoir ce qui lui était inconnu. Informez-vous, apprenez à connaître les besoins de ceux qui vous entourent et comment y suppléer.
Dérober le Seigneur
Il m’a été montré qu’un grand nombre de nos membres dérobent le Seigneur dans les dîmes et les offrandes, si bien que son œuvre en est grandement affectée. Le courroux du ciel s’exercera contre ceux qui recoivent les bienfaits de Dieu et qui ferment la porte de leur cœur, ne faisant rien ou presque rien pour l’avancement de sa cause. Frères et sœurs, comment un Père si généreux continuerait-il à faire de vous ses économes en vous confiant des biens que vous devez employer à son service, si vous gardez le tout en prétendant égoïstement que cela vous appartient?
Au lieu de rendre à Dieu les biens qu’il leur a confiés, il en est qui les emploient à agrandir leurs propriétés. C’est un mal qui se répand parmi nos frères. Ils avaient auparavant tout ce dont ils pouvaient prendre soin, mais l’amour de l’argent, le désir de paraître aussi riches que leurs voisins, les poussent à consacrer leurs biens à ce monde et à retenir la part qu’ils doivent au Seigneur. Serons-nous étonnés après cela, si leurs affaires vont mal, si Dieu ne bénit pas leurs récoltes, et s’ils sont découragés?
Si ces frères voulaient seulement se rappeler que Dieu peut bénir un hectare aussi bien que cinq, ils ne continueraient pas à être si absorbés par les choses terrestres, mais ils placeraient leur argent dans le trésor du Seigneur. “Prenez garde à vous-mêmes, nous dit le Christ, de peur que vos cœurs ne s’appesantissent par les excès du manger et du boire et par les soucis de la vie.” Luc 21:34. Satan se plaît à vous voir augmenter vos affaires, à vous voir investir votre argent dans des entreprises mondaines, car en agissant ainsi, non seulement vous retardez le développement de la cause de Dieu, mais par vos soucis et votre surmenage vous amoindrissez votre perspective de la vie éternelle.
Nous devrions aujourd’hui prêter une oreille attentive à l’injonction de notre Sauveur: “Vendez ce que vous possédez, et donnez-le en aumônes; faites-vous des bourses qui ne s’usent point, un trésor inépuisable dans les cieux, où le voleur n’approche point, et où la teigne ne détruit point.” Luc 12:33. C’est aujourd’hui que nos frères devraient diminuer leurs possessions au lieu de les augmenter. Nous sommes sur le point d’entrer dans un pays meilleur, dans le pays céleste. Ne nous établissons donc pas sur la terre, mais ayons-y le moins d’attaches possibles.
L’heure vient où nous ne pourrons plus vendre à aucun prix. Bientôt un décret défendra d’acheter et de vendre à quiconque n’aura pas la marque de la bête.
À maintes reprises, le Seigneur m’a montré que faire des provisions pour nos besoins matériels en vue du temps de troubles est contraire à l’esprit de la Bible. J’ai vu que si les saints avaient de la nourriture chez eux ou dans les champs pendant le temps de détresse, alors que l’épée, la famine et la peste décimeraient le pays, ils en seraient privés par la violence et que des étrangers moissonneraient leurs champs. Alors ce sera pour nous le moment de mettre toute notre confiance en Dieu, et il nous soutiendra. J’ai vu que notre pain et notre eau nous seraient assurés à ce moment-là, et que nous ne manquerions de rien, car Dieu est capable de dresser pour nous une table dans le désert. Si cela était nécessaire, il enverrait des corbeaux pour nous nourrir comme il le fit pour Elie, ou il ferait tomber de la manne du ciel, comme pour les Israélites.
Pendant le temps de détresse, des maisons et des terres ne seront d’aucune utilité aux saints, car ils devront fuir devant des populaces déchaînées, et à ce moment-là leurs biens ne pourront plus hâter la proclamation de la vérité présente. Il m’a été montré que la volonté de Dieu est qu’avant le temps de détresse, les saints se libèrent de toute attache terrestre et fassent alliance avec Dieu par le sacrifice. S’ils placent leurs biens sur l’autel et demandent sincèrement à Dieu de leur indiquer leur devoir, le Seigneur leur montrera quand ils devront se débarrasser de ces biens. Au temps de détresse, ils seront affranchis de toute entrave.—1851, Early Writings, 56, 57.